Des Shootings Marseillais à l'Allure Californienne avec Rodrigo

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Basé à Marseille, le photographe d'origine colombienne Rodrigo a testé et sublimé deux de nos pellicules dans le cadre d'un de ses projets intitulé "Hey Mars". Dans cet article, il nous parle de ses expériences, de ses travaux et de sa vision de la photographie.

Bonjour Rodrigo et bienvenue dans le magazine Lomography, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, merci pour l'invitation ! Je suis artiste photographe colombien, affilié aux plateformes internationales d’art contemporain Artsper et Balthasart.
Mon parcours personnel et artistique est étroitement lié aux conflits ayant frappé le pays, et je suis fortement attaché à Medellin où je développe un projet photographique social avec des communautés défavorisées et des structures indépendantes, privées ou publiques. D’une manière générale, je traite de sujets autour de la Méditerranée puisque je vis toute l’année à Marseille. Influencé par le peintre Edward Hopper et les photographes Elliot Herwitt, Martin Parr et Peter Lindghberg, mon travail s’articule autour d’un axe socioculturel en y apportant une touche pop intégrant l’univers du voyage, de la culture urbaine et de la jeunesse. J'aime mettre une saveur d’ironie mêlée à du minimalisme dans mes prises de vue. J'aime aussi me ré-approprier les sujets de société de notre génération et déconstruire des mythes que la dictature de l’image impose à la pensée collective.
Curaté en 2019 par Klaus Fruchtnis de l’École supérieure d’art de Paris pour représenter les artistes colombiens vivant en France dans le cadre de l’événement Tiempo du Consulat, je suis également grand lauréat du festival OFF VISA pour l’Image en 2020. En 2023, une projection d’un de mes travaux est programmée à la Fondation Rivera Ortiz, pendant les Rencontres de Arles.

Photos par Rodrigo | Pellicule : LomoChrome Color ’92

Comment as-tu découvert la photo argentique et Lomography ?

Je me suis mis à l'argentique dans l'objectif de progresser. Je ne favorise pas une photographie ou une autre (numérique/argentique) car cela reste de la photo, sachant qu'avec les logiciels de retouches et l'émergence des IA une image peut facilement être "transformée", ce que je catégorise comme de l'art visuel. Je souhaite perdurer dans la photographie et j'aime repousser mes limites en essayant des nouveaux formats hors de ma zone de confort, tentant de me rapprocher humblement des plus grands. Le numérique m'a permis de construire un univers photographique que l'argentique me permet d'enrichir et de perfectionner. Mais soyons clairs, le rendu esthétique de l'argentique reste inégalable.
Lomography ? Pour moi cela s'inscrit dans cet idéal d'enrichissement, de créativité et de liberté qui permet de se perfectionner tout en déconstruisant certains codes que le réseau photographique impose. Pourquoi un Lomo Simple Use ne serait-il pas un bon appareil ? Je le trouve très bon et l'ai beaucoup utilisé pour mes vues au Stade Vélodrome. Je prends cet exemple car j'ai une anecdote : un jour, un "conservateur de la photographie" qui travaille dans un laboratoire de développement en a fait une vive critique, que je peux comprendre au passage, alors que je n'en ai pas un mais deux Simple Use !!! Et je le recommande !

Peux-tu nous parler de ton projet "Hey Mars" ?

Je suis à l'initiative du projet Hey Mars afin de fédérer des photographes de Marseille ou autre, puisque c'est un projet qui a été pensé avant tout comme collaboratif et participatif. Je l'ai commencé il y a 3 ans, en voulant créer une mémoire collective de Marseille et comme j'aime le dire sans aucunes ambitions artistiques, Hey Mars étant un terrain de jeu à l'échelle d'une ville. En effet, Marseille fait couler beaucoup d'encre à tort ou à raison, et j'ai eu l'envie de documenter la vie ici sans faire une fixation sur l'image d'Épinal visible l'été sur les réseaux sociaux de la Corniche, des Goudes ou du Vallon des Auffes mais sans la réduire à une image violente de ses quartiers populaires. En somme je documente Marseille comme elle est, au fil de mes explorations urbaines ou au fil de ma vie dans la cité phocéenne ! Et je ne prétends pas vous la faire découvrir ou re-découvrir... car elle a déjà changé à l'heure où je vous écris ces lignes, et encore plus quand vous lirez ces phrases !

Tu as shooté avec la Metropolis, comment trouves-tu cette pellicule ?

J'étais pressé de l'utiliser car son rendu particulier correspond à un de mes univers : Urbain et Cinématographique ! Je l'ai d'ailleurs utilisée cet été pour couvrir un événement sportif à Marseille, une compétition « Street Basket » à 5 contre 5 dans les quartiers sud, réunissant des basketteurs des quatre coins de la France.
Le rendu final avec la lumière de notre ville donne une série : West Coast, Californienne, Los Angeles !

Photos par Rodrigo | Pellicule : 2021 LomoChrome Metropolis

Tu as récemment essayé la LomoChrome Color '92, peux-tu nous donner ton ressenti sur cette pellicule ?

De même je l'ai utilisé pour un shooting spécifique où je cherchais à obtenir un rendu intemporel, de mode et cinématographique ! Nous sommes en 2023 et quand je reverrais cette série dans 10 ans, je ne replongerais pas en 2023 mais en 1993 ! D'ailleurs, c'est aussi ça que j'aime et recherche dans l'argentique et ce que Lomography permet. Cela permet de bousculer ou de créer des époques grâce au rendu spécifique de certaines pellicules, de jouer avec les couleurs sans en dénaturer l'instant.

En quoi la Metropolis et la '92 sont-elles différentes l'une de l'autre ?

Je dirais que concernant la Métropolis, je l'utiliserais plus dans l'optique d'un rendu très urbain et très brut, ce qui n'engage que moi et mes goûts personnels. Concernant la '92, elle peut voguer à la fois dans l'urbain et dans d'autres champs, comme celui de la mode.

On te souhaite quoi pour la suite ?

Faire croitre mes projets principaux La Vida Real réalisé à Medellin et Hey Mars à Marseille qui ont des racines similaires : "l'urbain, le social et la pédagogie" par l'image.
J'aimerais également continuer à transmettre sachant que je réalise déjà des workshops, des temps d'échanges, des conférences et des ateliers, les derniers en date étant avec l'IDRAC Business School à Lyon, l'ESDAC de Marseille et le programme OV School à l'Orange Vélodrome. Je souhaiterais aussi continuer à créer des dynamiques collectives avec mon association DV Photo et d'autres partenaires comme vous.
D'ailleurs, nous avons ouvert une boutique de vente de photographie solidaire dont les bénéfices sont entièrement reversés à une ONG marocaine. Nous avons réussi à réunir plus d'une vingtaine de photographes de renoms ou autre, amateurs et professionnels, Africains, Nord-Africains, Européens et Sud-Américains.
Cela s'appelle Prints for Morocco et c'est 100% indépendant.


Retrouvez et suivez le travail de Rodrigo sur son compte instagram ainsi que ses projets Hey Mars et Prints for Morocco !

2023-11-08 #culture #news #Gens

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