A Berlin, le Petzval 85 se met en mode street avec Adlan Mansri

Mais qui a dit que les objectifs Petzval étaient uniquement réservés au portrait ? Sûrement pas Adlan Mansri ! Equipé d'un Petzval 85, le jeune photographe français expatrié en Allemagne fait tourbillonner les rues de Berlin dans un bokeh saisissant de nuances monochromes.

Salut Adlan ! Est-ce que tu peux te présenter à la communauté Lomography ?

Salut, alors moi c'est Adlan, 25 ans, expat-immigré a Berlin depuis maintenant 3 ans. J'ai un chat, je mets mes chaussettes avant mon pantalon et mes céréales avant mon lait. J'aime pas trop les currywursts, mais j'aime bien les Kebabs.

Quel est ton parcours ?

Après le lycée, j'ai fait une fac de cinéma, j'ai obtenu ma licence et je suis parti a Berlin pour continuer mes études où j'ai fait une école de cinéma autogérée. Entre temps, j'ai réalisé plusieurs projets photos, notamment mon premier photo reportage, Les oubliés du Sable, que j'ai réalisé dans des camps de réfugiés au Sahara Occidental en 2013, juste avant mon arrivée à Berlin. J'ai réalisé d'autres projets pendant mes études, surtout des personnels.

En août, j'ai rejoint le Studio Hans Lucas et je suis maintenant l'un des nombreux photographes distribués sur cette plateforme. C'est cool car du coup je vois le travail d'autres photographes et je discute avec eux, c'est très enrichissant.

Pourquoi et comment t’es-tu mis à la photo ?

Je sais pas vraiment pourquoi je me suis mis a la photo, mais je me souviens de 2 choses :
- La première fois que j'ai eu un appareil photo, c’était au lycée. J’étais en terminale et j'empruntais l'appareil du Club Photo. C’était marrant au début, je faisais ça pour le fun, mais c'est très vite devenu addictif : j'arrivais plus a rendre l'appareil photo. J'ai du le garder pendant 6 ou 7 mois je crois, j'ai du le rendre car c'était la fin de l'année du coup j'ai économisé pour me procurer mon propre appareil.
- La deuxième chose dont je me souviens, c'est d'avoir acheté le Fisheye de Lomography, qui a été mon tout premier appareil photo à pellicules.

Plutôt numérique ou argentique ? Pourquoi ?

Ça dépend de la situation. J'aurais plus tendance à dire argentique. Je trouve ça cool comme approche : tu prends une photo et tu mets ton appareil dans ta poche, y a personne qui te dit "Ah tu peux me montrer ma tête s'il-te-plaît ?" ou "Oh non efface cette photo je m'aime pas". Du coup je trouve que l'approche avec l'argentique est moins effrayante que celle au digital, surtout quand tu shootes avec un gros DSLR. Le truc avec l'argentique c'est que les couleurs sont plus profonde, les contrastes plus intéressants, ça te permet aussi d’être plus proche de ton sujet et d’être aussi beaucoup plus patient car t'appuies pas 100 fois sur le déclencheur. Tu fais attention à ce que tu prends en photo.

Mais je shoote aussi au digital car c'est la facilité, t'as pas besoin d'attendre avant de voir tes photos. Même si l'excitation est super cool quand tu récupères tes pellicules, parfois t'as pas trop envie d'attendre haha.

Comment définirais-tu ton style photographique ? Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Alors là, je sais pas du tout. Je pense que mon style est spontané, j'invente rien. Je montre juste les choses que je vois avec mon regard. Je sais pas si j'ai vraiment un style particulier, j'aime bien tout faire et j'essaye de rester spontané peu importe le sujet ou la façon dont je dois prendre mes photos.

Haha alors là, mes inspirations ? Je suis inspiré par tout ce qui m'entoure, surtout par la musique et d'autres photographes. J'ai d'ailleurs été très triste de la mort de Marc Riboud car je crois que c'est un des photographes dont j'aime le plus le travail. Sinon mes potes m'inspirent à leur manière, je les prends beaucoup en photos. Berlin aussi c'est une grande source d'inspiration, la ville, les gens, toute l’atmosphère qui s'y dégage, sa liberté et sa créativité sans limite.

Tu as réalisé cette série de photos avec le Petzval 85. Qu’est-ce que tu en as pensé ?

Très agréablement surpris par cet objectif ! Je shoote jamais avec des télé-objectifs : en général je shoote au 35mm ou au 50mm. Du coup, ça a été un peu une nouvelle expérience pour moi. Mais j'ai beaucoup apprécié !

Comment s’est déroulée sa prise en main ?

Assez compliquée au début car c'est pas évident de s'en servir pour faire de la street photography. Mais la prise en main s'est passée plus vite que je le croyais au final. J'ai d'abord fait quelques essais chez moi, pour voir comment il gérait la lumière et comment je pouvais m'en servir. Et puis comme je disais plus haut, je shoote généralement au 35 ou 50mm, donc faire de la street photo au 85mm c’était vraiment quelque chose de nouveau pour moi haha.

Si tu devais décrire l’objectif en un mot, lequel choisirais-tu ? Et pour quels projets le recommanderais-tu ?

Je dirais "étonnant", ça lui colle bien. Je pense qu'il est aussi bien pour le portrait que pour la street photography, même si c'est plus compliqué en street car ton sujet est toujours en mouvement, du coup faut être vraiment aux aguets. Je l'essayerais bien sur des projets plus expérimentaux aussi, ça peut être un bon délire.

Le Petzval est principalement utilisé pour du portrait. Pourquoi avoir choisi d’en détourner l’usage en faisant de la street ?

J'avais pas envie de faire des portraits car c'est quelque chose qui a pas mal tourné. J'avais envie d’être un peu original avec son utilisation, et du coup, j'ai pas été cherché bien loin car je fais déjà beaucoup de street photo à la base : je suis allé me balader avec le Petzval 85 et j'ai été shooter dans la rue.

En tout cas c’est réussi et Berlin nous apparaît sous un nouveau jour. Où est-ce que tu t’es baladé pour prendre ces photos ?

Pour la plupart des photos, je me suis juste baladé dans mon quartier, à Neukölln. Les gens sont cool, y en a même deux qui m'ont demandé de les prendre en photos. Ensuite je suis parti du coté des restes du mur de Berlin à Friedrichshain, le long de la Spree.

Pourquoi tu t'es installé ici ? Qu’est-ce que tu aimes dans cette ville ?

Pour la bière et la techno hahaha. J'avais envie de quitter la France, et Berlin c'était une bonne opportunité : j'avais fait Allemand LV1 au collège et lycée, et puis financièrement, Berlin c'est hyper abordable quand t'es un artiste et que t'as pas les moyens de te payer un logement a Paris.

Il y avait aussi cette école autogérée qui s'appelle la FilmArche qui m’intéressait grave. Du coup j'ai passé le concours juste après l'obtention de ma licence, et j'ai été accepté. Cette ville est tellement cool, tellement détendue, ouverte d'esprit, douce. Comment ne pas l'aimer ? Je trouve que Berlin est une ville très inspirante. J'ai beaucoup appris dans cette ville. Les gens sont agréables, et y a personne qui te juge pour ce que tu es ou ce que tu fais.

Berlin, Paris, Marseille… Tes photos de ville sont principalement en noir et blanc. Pourquoi ?

J'aime bien le grain des pellicules noir et blanc. Souvent, je pousse mes ISO a 1600 même si la pellicule est ISO 400, ce que tu peux pas faire avec une pellicule couleur. Du coup quand je pousse ma pellicule a 1600, ça me permet de prendre des photos en basse lumière, la nuit par exemple.

Penses-tu que la monochromie est plus apte à retranscrire l’âme d’une ville ?

Ce qui retranscrit l’âme d'une ville c'est les gens qui y vivent. Peu importe la monochromie, si tu arrives a retranscrire la vie des gens alors je pense que tu peux retranscrire l’âme d'une ville. Il y a aussi une facilité dans le noir et blanc. Je sais que moi, quand je shoote a la pellicule, en général, je pense différemment quand je sais si c'est une pellicule couleur ou monochrome. J'aurais plus tendance a réfléchir quand je prends une photo en noir et blanc que quand je prends une photo en couleur. Je ne me l'explique pas.

Des projets à venir ?

Le grand remplacement. Et aussi, je pars en Corée en Novembre pour plusieurs semaines afin de réaliser un reportage avec un ami, Ryan, qui tient un blog de voyage.

Merci Adlan !

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écrit par Théo Depoix-Tuikalepa le 2016-10-07 dans #équipement #Gens #lieux