Community Amigo : Sylvestre le Chat

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Cette semaine, nous vous présentons Sylvestre Lechat, un lomographe de Montpellier qui nous surprend avec des superpositions photographiques surréalistes !

Nom: Sylvestre Lechat
Lomohome : @sylvestre_le_chat
Ville: Montpellier
Age: 33 ans

Salut ! Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi ?

Je suis une âme de plus, une conscience qui arpente le chemin. J'ai plaisir à explorer les recoins sombres et autres cul-de-sacs de la psyché humaine.

J'ai commencé la photo il y a une dizaine d'années et pendant très longtemps je n'ai pris en photo que de la nature et des paysages sans envie aucune de prendre des gens en photo. C'est ironique car à la base j'avais acheté un appareil pour faire comme un ami qui nous prenait en photo pendant nos soirées et autres sorties. Il gardait les photos dans une boîte à chaussure et j'avais toujours beaucoup de plaisir à contempler ces moments figés de notre vie.

J'ai débuté le conceptuel il y a quelques années, un peu comme ça, suite à un changement de vie. J'ai été inspiré par d'autres créations que aperçues lors de mes errances internetiques. Tout s'est fait très progressivement.

Depuis combien de temps es-tu Lomographe ?

Cela fait environ 3 ans que j'ai (re)découvert l'argentique. Je dis 're' car j'avais déjà utilisé des argentiques jetables quand j'étais jeune mais cela ne compte pas vraiment. Très rapidement, j'ai délaissé la pellicule neuve au profit de stocks expirés afin de coller à l'ambiance de mon travail.

Quels sont les appareils photo que tu possèdes ?

La liste est longue ! Je ne me considère pas comme un collectionneur car j'essaye d'utiliser tous mes appareils et ne rien laisser dormir sur les étagères, mais avec une douzaine de bécanes c'est un peu difficile ! Chinon CX, Pentax 67, Nikon F3, Kiev 645, Pentax MX, Yashica Mat et Nikkormat EL forment l'avant garde.

Peux-tu nous raconter ton expérience avec eux ?

Je n'aime pas trop cette inclination chez moi mais je dois confesser un certain amour pour mes appareils. J'aime les regarder et les manipuler, acquérir du nouveau matériel, débattre à leur sujet, constituer des kits, etc.

Le CX est le boitier que j'utilise le plus. Je m'alourdis avec le Pentax 67 quand je veux de superbes résultats. Le F3 est mon préféré question design et qualité de fabrication. J'ai bien sur également une grande collection d'objectifs que je complète en permanence au gré de mes trouvailles.

A ton avis, pourquoi on continue de faire de l’argentique ?

Et bien parce que le numérique existe depuis moins longtemps pardis ! Le rendu de l'argentique est différent avec un aspect beaucoup plus réaliste et organique. Si on shoote en moyen format, alors la qualité d'image est incroyable, bien meilleure qu'avec les numériques modernes à mon avis. Je pense qu'il y a aussi un côté magique. Même quand on est familier du procédé, l'argentique reste toujours un peu mystique.

Enfin, il y a le coté économique. L'argentique est vraiment très abordable pour peu que l'on ne mitraille pas excessivement. On peut acquérir un boitier plein format pour une bouchée de pain alors qu'un numérique full frame coute cher, (c'est d'ailleurs comme cela que j'ai mis le pied à l'étrier). Il y aussi beaucoup plus de diversités dans le matériel et de différence dans les rendus ce qui fait la joie des photographes amis aussi celle des collectionneurs.

Quels sont les sujets que tu aimes photographier ?

J'aime surtout photographier les sujets naturels que je rencontre au gré de mes explorations et randonnées: paysages, rochers, fleurs, animaux, etc. C'est la composante candide de ma photographie, celle qui est intuitive et se fait spontanément.

A côté de ça, j'aime aussi mettre en scène des réflexions conceptuelles issues des mes questionnements et pensées. Cette démarche est très différente et commence sur le papier avec une prévisualisation du concept et de ce que je cherche à obtenir. Parfois le point de départ est simplement sentiment ou une révolte.

D'autres fois, le but est simplement d'exploiter une technique photographique et la création s'articule autour de celle-ci. D'autres fois encore, c'est l'image finale qui se présente directement à mon esprit et je cherche ensuite à déterminer les moyens techniques pour la réaliser.

J'aime traiter de sujets spirituels comme l'au delà ou la mort, l'identité et la contemplation de soi même.

Tu peux nous parler des photos que tu as choisi de nous montrer ?

The Passage

Comme je disais donc, à force de voir les superbes photos de Yoshitaka san, j'ai eu moi aussi envie de créer un concept autour de la technique du splitzer. Lorsque le point de départ d'une photo est une technique donnée, je visualise dans mon esprit les différentes possibilités offertes par cette dernière (qui sont bien sur infinies). Ici, il faut choisir une image pour le haut de la photo et une autre image pour le bas et combiner les deux. L'image de cette photo est une des premières qui me soient apparues. L'idée est de projeter le personnage dans son délire onirique, comme une matérialisation du rêve accompli. Mise en scène de la superposition de deux mondes, le 'réel' et celui du rêve. La pensée philosophique associée est la découverte que l’au-delà ressenti est en majeure partie une hallucination crée par le subconscient comme le rêve. En d'autres termes, le rêve peut être vu comme une forme de prémonition de l’au-delà individuel qui est à venir pour chaque individu.

Mesmerised... Don't I only see myself in you

Cette photo vient d'une image imposée plus ou moins directement à mon esprit. A l'origine, j'aurais voulu la réaliser avec une perspective placée derrière l'épaule du personnage immergé. Mais il m'aurait fallu deux modèles et une certaine préparation. Du coup, j'ai revu ma copie et j'ai résolu le problème des deux modèles en utilisant la double exposition de manière purement technique ce qui n'est pas coutume. Ce cliché est donc en fait une double exposition et c'est le même modèle qui incarne les deux personnages. Finalement, j'ai trouvé que ça rendait le concept plus intéressant car j'aime traiter l'autoexamination. Le personnage dans l'eau est une incarnation des cotés noirs et pervers du personnage sur la berge et l'attire dans sa perte.

Intruder in my soul

Cette photo est issue d'une série shootée dans une bâtisse abandonnée avec le paranormal comme thème. J'y ai dépeint un fantôme mis en scène dans plusieurs situations. C'était la première fois que j'utilisais la pose semi-lente en conjonction avec le mouvement. J'ai été ravi par les résultats et j'ai d'ailleurs remis ça plus tard avec un projet 'sorcière'.

Fatigué

Il s'agit de la deuxième double-exposition que j'ai jamais réalisée. Je suis hypersensible et sur-efficient mental (ça veut dire que je réfléchis en permanence avec une grande difficulté pour m'arrêter). Par conséquent, trouver le sommeil a toujours été une grande épreuve, même lorsque j'étais plus jeune, bien sur, c'est encore pire en vieillissant ! J'ai voulu créer cette photo pour représenter cet état et la détresse qui en résulte. Comme d'habitude, j'ai réalisé de nombreuses prises à l'aveugle (s'agissant d'un auto-portrait) en espérant avoir un cliché exploitable au final.

Whole that is left of me

En réalisant un auto-portrait avec double exposition, j'ai remarqué que des habits noir faisaient disparaitre les parties recouvertes et j'ai voulu exploiter cet effet. Je me suis demandé ce qui pourrait être intéressant et j'ai pensé que je pourrais traiter de l'hypersexualisation de la femme que l'on voit aujourd'hui dans notre société et cela en faisant disparaitre les parties non connotées sexuellement de son corps. Il s'agit d'un questionnement sur le rapport de la femme avec son corps, de l'image qui en est donnée et exploitée. L'encadrement de la porte symbolise la représentation et l'exhibition, un peu comme un écran de télé. Pour le coté esthétique, j'avais à l'esprit ces magnifiques bustes romains que l'on voit exposés dans les musées. Souvent, il manque des membres à ces statues et certaines sont parfois réduites à l'état de simples bustes sans tête.

Purgatory

Encore un auto-portrait faute de modèle à disposition ! J'ai fait de nombreux aller-retours entre l'appareil et ces rochers, heureusement peu glissants. A la base, le plan était de faire trois expositions par clichés mais sur mes nombreux essais, il y a eu un couac sur un cliché avec une exposition en plus ce qui se traduit par un rendu plus 'présent' sur l'un des personnages (celui de gauche). Au final, j'ai trouvé que c'était le cliché le plus intéressant, encore un cas de 'happy accident' ! Il s'agit d'une représentation d'une forme de vie après la mort, désignée sous le nom de purgatoire par la religion chrétienne, et dont on peut parfois trouver le récit dans les témoignages d'expérience de mort imminente.

Des LomoHomes que tu aimes suivre ?

Jusqu'içi, je n'ai pas trop eu le temps de flâner et de parcourir toutes les photos mais j'aime beaucoup les travaux de Yoshitaka Goto pour leur coté esthétique et leur impact. Ce sont ces exemples d'utilisation d'un spiltzer qui m'ont inspirés à intégrer moi-même cette technique à mon travail.

Merci Sylvestre !

écrit par Maria Teresa Neira le 2017-05-06 dans #Gens #lomohome #lomoamigo

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