Community Amigo : Jean-Baptiste Morand (Jaybees)

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Jean-Baptiste est un rêveur et un philosophe. Il nous offre ses mots et sa poésie dans cette interview, tel un rêve éveillé… Embarquez à bord de la chaloupe des rêves, pour découvrir les contrées oniriques et son univers très personnel.

Nom : Jean-Baptiste Morand
LomoHome: Jaybees
Ville: Lambersart
Âge: 35 ans

Crédits : Jaybees

Hey ! Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi ?

Je suis photographe-auteur. Je travaille sur le concept du rêve en photographie argentique. Je vois le fait de photographier de façon analogique comme une action qui s’apparente à celle que notre cerveau effectue la nuit. Autrement dit, photographier la réalité dans son instantanéité et la recomposer, pour créer un instant subconscient. En d’autres mots, une impression physique de ce moment imperceptible par notre conscience.

Depuis combien de temps es-tu Lomographe ?

Je pratique le lofi depuis 6 ans désormais, dont un an et demi en tant qu’auteur professionnel. Ce passage professionnel avait un sens pour moi, car j’ai fait une école d’art et que je ne trouvais pas mon compte en tant qu’enseignant. Je pense que ce n’est pas le même métier. Il y a peu de pérennité financière à être auteur. A contrario enseigner c’est consacrer du temps et sa vie à la transmission d’un savoir, avec une assurance financière, mais c’est perdre le temps et l’énergie que nous consacrons à la création, en tant qu’auteur. A un moment, il a fallu choisir, et je ne le regrette pas.

Crédits : Jaybees

Quels sont les appareils photo que tu as ?

J’ai une belle collection d’appareil photo, que vous pouvez retrouver sur ma Lomohome. Cependant, mes appareils fétiches sont : le LCA+, Le Belair X6/12, le Lubitel et le Diana.

Peux-tu nous raconter ton expérience avec ces appareils photo ?

Ce qui est important pour moi quand j’utilise un appareil, c’est ma relation à celui-ci. En fait je vois l’appareil photo comme une prothèse. Une continuité de mon cerveau. Quelque chose qui se scinde à mon corps, qui entre en relation. En fait, il y a certainement un rapport à la sensualité dans cela. Oui, je pense que ça se joue sur çà, que ce soit de la prise de vue, au développement, ou encore au scannage, il y a un rapport sensuel. Évidemment, cela se fixe sur le sens du toucher, sur celui du rapport à la chose physique et non dématérialisée (comme avec le numérique).

Quel est ton appareil Lomography préféré ? Et pourquoi ?

J’avoue avoir un faible pour le Diana, non pas pour son côté Toy camera, mais pour les possibilités qu’il offre. Il a un rendu intéressant dans ma visée photographique car il propose une esthétique différente d’un appareil classique ou haut de gamme (non pas que le haut de gamme ne m’intéresse pas). De plus, il offre une possibilité de modification et je trouve cela intéressant.

A ton avis, pourquoi on continue de faire de l’argentique ?

Je pense dans un premier temps que nous ne pouvons pas opposer sur une notion de production industrielle, l’argentique et le numérique. Cependant, nous pouvons les opposer aisément sur un plan artistique. Je pense que la continuité argentique se pérennise ici : sur l’artistique. De tout temps, les arts se sont opposés, comme la peinture face au dessin ou les arts plastiques et les arts appliqués. La seule période où la réunion de ces arts s’est faite, est celle de l’art nouveau. D’un point de vue artistique, la photographie s’est toujours trouvée à la frontière entre arts plastiques et arts appliqués. Entrant dans le champ de l’un : pour certains, ou dans celui de l’autre : pour les autres. Avec la naissance du numérique et l’hypothétique mort annoncée de l’argentique, les choses n’auraient pas changé. Cependant, l’argentique n’est pas mort et pour ma part, elle s’est déplacée vers le champ des arts plastiques, du moins du point de vue d’une esthétique plasticienne et non classique. Je pense que c’est pour cela que nous continuons à faire de l’argentique. En fait, à mon avis, la photographie argentique est devenue un médium de plasticien comme le dessin ou la peinture. C’est un moyen de proposer quelque chose de différent, de travailler sur une esthétique précise qui n’entre pas dans le champ visuel de la dématérialisation.

Crédits : Jaybees

Quels sont les endroits que tu aimes photographier ?

En général, je travaille beaucoup avec la nature. Que ce soit en « background » pour un portrait, ou encore en tant que paysage propre. Au bout du compte, les endroits que je photographie n’existent pas proprement. Ils sont des lieux oniriques puisqu’ils n’existent que dans mon inconscient. En ce sens, ils invitent le regardeur à se questionner sur sa propre rêverie et à effectuer un voyage intérieur.

Peux-tu nous parler un peu des photos que tu as choisies de nous montrer ?

Dans l’ensemble, ce sont des photographies de lieux oniriques ou des portraits de rêveurs. J’aime considérer que ces paysages fassent parti d’un monde, je l’appelle les contrées oniriques. Il y a certainement la possibilité d’établir un chemin ou un plan sur une carte pour pouvoir s’y rendre, mais il ne sera jamais définitif. Il n’y a pas de pérennité dans l’onirique, les choses et les paysages changent constamment. Ils se transforment chaque nuit dans une communion de l’humanité toute entière, ou plutôt de l’animalité, car je pense que les animaux ne sont pas dénoués de la possibilité de rêver. Pour ce qui est des portraits de rêveurs, ils se cachent dans ce monde, les photographier est chose difficile. En fait, nous pourrions tous être dans cette galerie de portraits, car je crois que nous nous croisons sans le savoir chaque nuit. Il y a aussi une part de mon travail qui est inspiré par la musique de la musicienne belge: An Pierlé, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler. Sa musique m’apporte beaucoup quand je suis en train de créer. C’est une source d’inspiration, j’ai d’ailleurs créé une continuité de ce travail à travers un appareil qui est le An P+. Un Diana que j’ai transformé pour une séance photo, pour créer un effet miroir. Il est devenu par la suite, un objet vortex qui m’a permis d’accéder à d’autres contrées oniriques. Si vous le souhaitez, je vous invite à consulter mon site : http://www.jaybees.org/ pour en apprendre plus sur ce travail.

Crédits : Jaybees

Peux-tu nous recommander des LomoHomes que tu aimes suivre ?

Il y a la Lomohome de Marjan Buning qui est à mon sens une artiste qui mérite que l’on aille voir sa vision du monde. C’est un endroit où il y aura la possibilité de rencontrer des entités extra-terrestre.

Pour le reste, il y a beaucoup de mondes sur Lomography, et il m’est difficile de faire un choix. Nous sommes tous attachés à l’amour de l’argentique, mais nous sommes des personnes différentes, avec des goûts et des visions qui nous sont propres. J’invite, de ce fait, ceux qui liront cet article à ne pas hésiter à visiter aléatoirement les Lomohomes, ils y feront de belles découvertes.

Merci !

2015-06-05 #Gens #lomoamigo

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