Explorations oniriques avec le LomoApparat : l’univers poétique en double exposition de Julien Boutet
1Artiste photographe et passionné de double exposition, Julien Boutet, alias @jb93, explore depuis plusieurs années la frontière entre rêve et réalité. Installé à Montreuil, il jongle entre ses projets artistiques, la communication et la vie de tous les jours, sans jamais perdre le goût de l’expérimentation. Il nous raconte ici sa découverte du LomoApparat, ses tests d’accessoires un peu fous et sa manière très personnelle de capturer la poésie du quotidien.
Hello Julien, bienvenue sur le magazine ! Peux-tu te présenter rapidement à la communauté ?
Je suis photographe auteur depuis maintenant 4 ans et je développe des projets artistiques en marge d’un travail à plein temps dans la communication. J’aime créer et expérimenter c’est pourquoi j’ai choisi de m’exprimer essentiellement en double exposition argentique. Avec le temps, j’ai façonné mon propre style à travers des projets, des expos et des collaborations. J’ai une connexion très spéciale avec la photographie qui m’aide à grandir et à dépasser mes limites, je vis cette aventure comme une sorte de chemin initiatique.
Bien qu’autodidacte de formation, mon activité artistique a pris au fil du temps une place importante dans ma vie ce qui m’amène parfois à jouer les équilibristes pour trouver l’énergie de réaliser mes projets en marge de mon travail et de ma vie de famille. Aujourd'hui même si j'ambitionne de développer encore davantage mon activité photo, j’aime bien aussi l’idée de me laisser porter par ce vent qui souffle dans mon dos sans savoir précisément où il m’emmène.
Quelles ont été tes premières impressions en shootant avec le LomoApparat ?
Je dois avouer que ce fut assez déstabilisant dans un premier temps de shooter avec un objectif super grand angle pour moi qui suis fan du 50mm. La plupart du temps j’ai besoin de ressentir une immersion dans l’image à travers la visée optique d’un boîtier. Mais finalement j’ai pris beaucoup de plaisir avec le LomoApparat, très simple d’utilisation et qui ouvre de nouvelles perspectives pour photographier en milieu urbain. Au quotidien, c’est un bon complément du Lomo LCA mais avec le côté expérimental en plus.
Tu as aussi testé ses accessoires. Lesquels t’ont le plus inspiré ?
Sans hésiter le kaléidoscope. J’étais un peu dubitatif au départ mais quand j’ai vu les résultats de mes premières expérimentations j’ai vite révisé mon jugement. Il m’a permis de déconstruire en mode psychédélique certains paysages urbains comme le château d’eau de Montreuil ou l’usine Battersea de Londres. L’accessoire colle bien à mon style photographique, j’aurai plaisir à poursuivre mes expérimentations. J’ai également utilisé le splitzer que j’avais déjà pu tester sur mon Lomo LCA il y a quelques années et qui permet de créer des paysages imaginaires en double exposition. Sinon je n’ai pas encore eu le temps d'expérimenter la lentille macro mais je pense que cela pourrait être intéressant de superposer une prise de vue rapprochée et une vue grand angle. Je testerai cela avec plaisir dans mes prochains films.
Tes photos jouent beaucoup avec la lumière et les détails du quotidien. Comment tu choisis tes sujets ?
Au moment de la prise de vue je fonctionne généralement de manière assez instinctive en tâchant de connecter mes propres émotions à mon environnement visuel. Dans nos « sociétés modernes » rythmées par une numérisation croissante de notre quotidien, nous avons une tendance naturelle à envisager nos existences en tant qu’êtres indépendants du « monde extérieur ». Or « la réalité » au sens physique du terme, est un vaste réseau d’entités en interaction dont nous faisons tous partie. C’est ce besoin de « reconnexion » qui m’anime et qui structure mon récit photographique.
Ce n’est donc pas un hasard si mon quotidien occupe une place centrale en tant que sujet photographique, sans doute parce que j’aime l’idée de voyager dans un territoire qui n’est qu’en apparence un paysage familier.
Par ailleurs, travaillant principalement en double exposition, j'essaye toujours d’obtenir une image qui restera très lisible au final. C'est la raison pour laquelle je suis attentif à ne pas saturer de détails chaque prise de vue. Si vous vous intéressez à la double exposition, vous verrez beaucoup d'artistes et de photographes qui produisent des rendus foisonnants. De mon côté, je préfère adopter une approche « épurée » de la double exposition. Puisque mon intention est de questionner la « réalité », j’essaye de ne pas perdre le spectateur en route dans un rendu trop abstrait qui l’éloignerait de ce questionnement que j’essaye justement de susciter.
Quelle est l’image de cette série que tu préfères, et pourquoi ?
C’est sans aucun doute celle de l’ancienne centrale électrique au charbon Battersea de Londres. Je suis un grand fan des Pink Floyd et à travers cette photo j’ai essayé de revisiter la couverture mythique de l’album « Animals ». Cette photo me renvoie également à des vieux souvenirs personnels du Londres de la fin des années 90. A l’époque, j’avais eu beaucoup de difficultés à photographier cette usine qui était totalement désaffectée et inaccessible au public. Aujourd’hui restaurée, elle accueille des boutiques, des restaurants, des bureaux et des espaces verts. Le quartier est totalement transfiguré. Une manière personnelle de laisser un modeste témoignage dans la grande histoire de ce bâtiment.
Tu as collaboré avec un label de musique, une boutique de créateurs et une maison de couture. Comment adaptes-tu ton approche photo selon le projet ?
J’ai eu de la chance d’avoir beaucoup de liberté dans ces différentes collaborations. A chaque fois cela fut une occasion de prendre des risques et d’apprendre beaucoup en un temps très court. Rien de tel qu’un saut dans l’inconnu pour s’ouvrir de nouveaux horizons.
Ainsi je me suis vu confier la création de l’identité photographique de Koii, un nouveau duo de la scène musicale indépendante. Pour les besoins du projet, j’ai eu recours à un mix argentique et post production numérique afin de créer un univers poétique intime en symbiose avec le projet musical du duo. Ce fut une expérience passionnante de travailler sur la mise en image d’un univers sonore en collaboration avec le label et les artistes.
J'ai également eu la chance d'être invité à un shooting par la talentueuse Sofia Crociani fondatrice de la maison de haute couture Aelis. Une occasion unique de revisiter son univers envoûtant à ma façon lors de la présentation d’une nouvelle collection pour la fashion week de 2023.
Enfin, attaché à l’idée d’inscrire mon travail artistique dans ma ville, j’ai récemment créé une collection onirique de t-shirts et de risographies en collaboration avec la boutique Les Tatas flingueuses de Montreuil. J’ai ainsi pu découvrir et expérimenter à cette occasion, la risographie, une technique d'impression à base d’encres végétales inventée au Japon et qui permet d’obtenir des rendus à texture granuleuse et des couleurs éclatantes. Un travail passionnant et à part entière de tirage sur papier qui a donné une nouvelle dimension à certaines de mes images issues de négatifs scannés.
As-tu un projet dont tu es particulièrement fier et que tu aimerais partager avec la communauté ?
Même si j’ai été très honoré d’exposer à la galerie éphémère du musée d’Art contemporain Tignous de ma ville (Montreuil fin 2022), je dirai que c’est un projet qui n’a pas encore été réalisé ! Sans rentrer dans les détails, c’est un projet qui va témoigner d’une rencontre incroyable avec des amis japonais, rencontre initiée en virtuel sur un jeu vidéo téléphonique. Je me rendrai dans quelques semaines pour la deuxième fois au Japon afin de réaliser les images de ce projet que j'ambitionne de décliner à travers un ouvrage papier et une exposition en France et au Japon. C’est mon grand défi et mon projet de cœur, j'espère pouvoir le réaliser dans les 2 années à venir. Peut-être aurai-je d’ailleurs la chance d’en dire un peu plus prochainement dans les colonnes de Lomo Japon qui sait. 😊
Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui découvre le LomoApparat et ses accessoires, ce serait quoi ?
Je pense que les maîtres mots de la marque Lomography sont le plaisir et l'expérimentation donc je dirai de suivre tout simplement ces préceptes.
Testez tous les accessoires sans modération, expérimentez, n’ayez pas peur de l’échec et mettez le plaisir au centre de votre découverte. Le plaisir et la prise de risque sont la clé pour réussir vos images.
Merci @jb93 d'avoir accepté de répondre à nos questions ! Le LomoApparat vous intrigue ? Cet appareil au grand-angle audacieux et à l’esprit ludique est fait pour expérimenter sans limite. Entre accessoires déjantés et rendu argentique unique, il ouvre la porte à une infinité d’images inattendues. Découvrez-le sur notre site et laissez libre cours à votre créativité.
écrit par alplvl le 2025-10-20 dans #équipement #Gens #double-exposition
















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