Les Merveilleux Voyages d'Elea Jeanne en Serbie Et Dans Le Désert Du Sahara

Elea Jeanne, est une jeune artiste plasticienne française, qui est partie dans le désert du Sahara et en Serbie, munie d'un LomoApparat, d'un Lomo LC-A 120, d'une pellicule LomoChrome Purple et d'une LomoChrome Turquoise

Hello Elea et bienvenue dans le Magazine ! Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi et ton travail ?

Je m'appelle Elea Jeanne, je suis une artiste plasticienne née en France en 1993. Après une licence en European Law à Lille, j'ai étudié l'art à l'Université Concordia de Montréal dont j'ai été diplômée en 2018. Je suis ensuite revenue en France et j'ai intégré l'Ecole Kourtrajme sous la direction de Ladj Ly et JR en 2020. Dans mon travail, l'image est à la fois le résultat, le révélateur et l'objecteur des structures d'autorité et de pouvoir. A travers mes séries, qui mêlent photographies, installations et performances, je questionne la notion d'intimité à travers ce qui est socialement accepté comme « la norme » . Je le fais notamment dans mon projet « 40ans 70kg » (2022) qui étudie la création des standards et de leurs conséquences sur les personnes ne rencontrant pas ceux ci. Avec Daddy's Baby (2017), je me suis plongée dans des sites de rencontres entre jeunes femmes et hommes fortunés ; l'installation Blue Brian (2018) questionne l'hégémonie du white cube sur l'expérience du spectateur ; Leidenschaften (2019) décortique la quête occidentale de transcendance. J'ai présenté mon travail au Palais de Tokyo en 2020 lors de l'exposition "jusqu'ici tout va bien" et eu l'opportunité d'exposer mon travail au Centquatre Paris pour mon premier solo show en 2022.

Qu'est-ce qui t'a attiré vers l'argentique ?

J’ai commencé l’argentique assez tardivement dans ma pratique photographique. J’avais commencé vers 12 ans la photo avec un petit appareil digital et j’ai continué avec celui ci jusqu’à ma réorientation et mes études au Canada ou j’ai hérité d’un appareil retrouvé dans le grenier de chez mes grands parents : un Rolleilflex! Il y avait encore une pellicule à l’intérieur de l’appareil. Je crois que la magie de l’argentique s’est révélé à moi dans cette « pellicule mystère ». Mon grand père, qui m’avait confié son l’appareil oublié est décédé avant que je n’ai fait développer la pellicule en rentrant au Canada. La beauté de ces quelques photos survivantes montrant un lit défait, une vue d’une fenêtre, et la lueur de quelques bougies sont restées sans explication car le reste de ma famille n’a pas su déchiffrer ces lieux et ces photos qui appartenaient à mon grand père.
J’ai donc commencé ma pratique avec le moyen format et l’intransigeance du format carré. C’est un appareil que je chéris bien évidemment et qui, je le pense a guidé ma façon de composer l’image.

Est-ce que tu peux nous raconter les conditions dans lesquelles tu as shooté toutes ces pellicules ?

C’est durant une période de grands changements et de beaucoup de voyages que j’ai eu l’occasion de shooter ces pellicules. J’ai eu l’impression d’être traversée par plusieurs vies, et plusieurs saisons durant ces quelques semaines. Je crois que cela se ressent beaucoup en regardant la série, il y a des choses très brutes très noires et de grandes éclosions sur d'autres. C’était une période teintée de profondes transformations dans ma vie personnelle. J’ai traversé la Serbie ainsi que le Maroc seule. Un grand printemps s’est offert à moi dans ma vie personnelle à ce moment là. Question température les pellicules et appareil ont tout vécu: l’écart de 20 degrés en une journée en Serbie ou j’étais le jour d’avant en maillot à une tempête de neige le lendemain! Ou encore les 40 degrés sans ombre de la traversée à pied sur Sahara + les tempêtes de sable. C’est du tout terrain, je confirme :)

As-tu été surprise par le rendu de la LomoChrome Purple et de la LomoChrome Turquoise, nos deux pellicules psychédéliques ?

Oui assez surprise! J’avais en tête ce que pouvait donner la LomoChrome Purple et j’ai été extrêmement séduite par la douceur des ces violets en fin de journée (notamment sur la photo de ma maman de dos face au figuier). J’ai beaucoup apprécié la LomoChrome Turquoise malgré le fait qu’elle ai pas mal enduré les températures extrêmes du désert, ca a dû surement du jouer dans la chimie !

Comment s'est passé ton expérience de shooting avec le Lomo LC-A 120 ?

J’étais impatiente de prendre en main ce moyen format très léger et maniable par rapport à mon Rolleiflex et mon Mamiya rz.. C’était le parfait appareil pour telle aventure que le désert pendant plusieurs jours et nuits. Je n’avais fait aucune pellicule test avant de partir donc j’ai vraiment évité de me poser des questions que j’y suis allé à l’instinct . Je n’aurai pas pu faire ce voyage avec un autre moyen format que celui ci à vrai dire.

Quelle est ta photo préférée de la série, et quelle est l'histoire derrière ?

Il y en a deux!
Premièrement celle de ma maman devant le figuier de notre jardin en Picardie. Je n’ai jamais pu la prendre en photo jusqu’à présent. C’est littéralement la première fois qu’elle a accepté de poser pour moi devant son arbre préféré du jardin. La lumière naturelle était sublime et j’aime énormément ce que la pellicule a décidé de faire de cet instant très doux et d’y infuser de jolis violets pâles dans les feuilles.

Deuxièmement cette photo issue du Lomo LC-A 120, comme j’ai attendu un moment avant de développer les pellicules j’avais pratiquement oublié ce qu’elles contenaient. J’ai mis énormément de temps à comprendre ce qu’était cette photo et j’ai adoré laisser ma vision inventer une mer, un chemin de tranchées, un horizon sur une montagne.

À qui recommanderais-tu le LomoApparat ? Selon toi, pour quel type de photo est-il le plus adapté ?

C’est un appareil vraiment facile d’approche très simple à utiliser qui permet de s’amuser avec les accessoires (les filtres gels de couleurs à placer sur le flash etc) donc vraiment n’importe qui!

Et pour finir, quels sont tes projets pour la suite ?

Je prépare une exposition avec le photographe Nanténé Traoré au centre d’art Rosa Bonheur ! Je vais également présenter mon projet que je mène depuis un an avec le Grand Paris à Chevilly Larue comme mon premier projet d’art public en novembre! Puis j’ai la chance de partir en résidence en Décembre au centre d’art BASE Milan. Une super rentrée :)

2023-09-10 #a-travers-le-monde