Photos argentiques créatives par Pauline Rühl Saur avec le Diana F+
2 7 Share TweetLa photographe Pauline Rühl Saur a été ravie le jour où elle a reçu un Diana F+ en cadeau. Depuis notre appareil argentique 120 léger l'accompagne partout. Elle l'utilise aussi bien pour ses projets personnels que pour ses commandes. L'artiste a un véritable intérêt pour le pictural et la matière dans ses créations, elle aime exploiter les possibilités d’expérimentations offertes par le Diana F+ et notamment la surimpression. Découvrez comment Pauline Rühl Saur exploite tout le potentiel du Diana F+ pour réaliser des images argentiques créatives et poétiques.
Bonjour Pauline, pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Je suis fille d'un relieur et d'une photographe, issue d'une famille de quatre enfants, une enfance très vivante baignée de belles choses, entourée de nature, de cueillettes, de sensibilité à l'artisanat, et d'artistes en tous genres.
Nous suivions de près les travaux de notre mère, Françoise Saur, première femme dans l'histoire à avoir eu le Prix Nièpce. Un quotidien avec l'image présente, l'attention constante aux lumières et aux couleurs.
Après deux années d’études d’histoire de l’art j’ai eu besoin de faire plutôt que d’analyser. Je suis entrée à l’École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles. Depuis je fais des photos quasiment chaque jour. Soit de mon quotidien, soit sur des thèmes personnels, soit pour des commandes. La photographie est vraiment une manière d’être au monde. Ma pratique et très large et ouverte. Je suis curieuse et j’aime découvrir de nouvelles choses. Je n’aime pas la routine mais la diversité et les nouveaux horizons. Parfois une trouvaille de mon travail personnel me donne des idées pour les commandes et inversement. Ces différents pans se nourrissent l’un l’autre.
Mes thèmes de prédilections sont les humains et la sensualité des choses, des objets, des textures à fleur de peau. Je vais à la rencontre du quotidien, du travail, des blessures de vie, des portraits, de la mode, de la danse… Je suis à la recherche de l’état de grâce, du moment suspendu, magique, celui qui transcende le réel. Je veux attraper la poésie du monde vivant. La fulgurance.
Cependant je ne suis pas une monomaniaque de la photographie, et toutes les expressions artistiques trouvent résonance dans mon cœur. La musique, la danse, la peinture, le dessin me touchent infiniment.
J’ai une approche photographique très picturale, je considère certaines de mes images réussies quand on ne sait plus si on regarde une photo ou un pastel.
Je me sens complètement en connexion avec l’œuvre de Sarah Moon, Paolo Roversi aussi, le peintre Richter pour sa recherche entre photo et peinture, mais j’adore également les portraits d’August Sanders, Richard Avedon, et oui bien sûr et sincèrement ma mère Françoise Saur, ou des visions pleines d’humour comme Olivier Culmann.
Pourquoi est-ce que tu prends des photos en argentique ?
Lorsque j'étais bébé il arrivait à ma mère de m’amener dans son labo alors qu’elle faisait des tirages. Ma madeleine, c'est l'odeur des produits de développement et de tirage. J'adore. C'est certainement pour cela que j'ai un lien viscéral à la photo argentique. Par ailleurs, née en 1976 je suis issue d’une génération qui a grandi avec ce matériau. Lorsque je suis sortie de l’école, en 2001, le numérique pointait tout juste de bout de son nez, de même qu'internet. La vague de la technologie numérique a finalement déferlée et j’ai bien dû m’y mettre car les clients ne voulaient plus payer ni films, ni développements. Mes travaux personnels sont quasiment tous restés en argentique. Je n’ai jamais adoré les outils numériques. Ils sont bien pratiques c’est vrai, mais trop froids, ils rendent trop dépendants à la technologie sans cesse dépassée ou sujette à l’obsolescence programmée. Sans compter la fragilité des stockages. Cette technologie m’apporte beaucoup d’intranquillité.
Au delà de ces aspects matériels, j’aime infiniment la matière ; les grains d’argent sur le négatif et la feuille sont d’un sensualité inimitable. Les gestes et le temps qu’impliquent la photographie en argentique sont également bien plus en accord avec mon être profond. J’ai des centaines de négatifs et de planches contact, des piles de disque durs. Mes classeurs de négatifs et mes boîtes photos sont calmes, au repos reposant. Au contraire, la frénésie des évolutions technologiques et la fragilité du matériel numérique nous mettent dans une instabilité et une fragilité permanente. C’est complètement stressant. Et puis les heures de post production derrière un ordinateur fatiguent beaucoup, elles enlèvent beaucoup d’énergie et rendent la reconnexion à la matière difficile.
La photographie a toujours été en lien avec les évolutions de la technologie et de l’industrie du moment, c’est un thème intéressant que de se poser la question.
En résumé je travaille en argentique tant pour des raisons esthétiques que pour des raisons de geste de travail.
Qu'est-ce qui te plaît chez le Diana F+ ? Comment as-tu intégré cet appareil dans ta pratique ?
Le Diana F+ est une belle rencontre. J’étais en saturation totale de mes disques durs toujours pleins à dégueuler et de leur fragilité... tous ces fichiers qui peuvent disparaître dans un soupir électrique. J’ai déjà 2 argentiques moyen format, un Rolleiflex des années 60 qui appartenait à mon grand-père, et un Mamiya très lourd. Ce sont de magnifiques machines.
Je lorgnais sur le Diana et on me l’a offert. Je me suis immensément réjouis de le tenir dans mes mains, si léger, si jouet, si mine de rien ! À l’utilisation, il m’a apporté la décontraction à laquelle j’aspirais, quelque chose de « c’est pas grave ». Il décontracte mes modèles également, les moments de prise de vue ont un élan ludique que j’adore. Le Diana un appareil pas précieux qui produit du merveilleux ! Il fait entrer la surprise et l’étonnement dans le jeu. Génial !
J’ai quand même mis plusieurs films pour l’apprivoiser. Maintenant je l’amène toujours sur mes shootings, et quand c’est possible je double les prises de vue avec lui. Il est super pour plein de thèmes, portraits, mode, paysages.
Avec cet appareil j’ai fait un travail sur la société de surconsommation et de surproduction « SATURATIONS ».
Le Diana était l’appareil idéal pour mettre en forme mes idées. Je voulais exprimer le « trop » et la saturation du « trop ». C’est là que j’ai commencé à faire des expositions multiples, entre 3 et 6 superpositions. Empiler les images, comme autant d’informations dont sont bombardés nos cerveaux.
J’adore cette technique car avec elle j’attrape les fantômes et les esprits, je peux rendre compte de l’impermanence des choses. Et ça, c’est formidable.
Est-ce que tu aurais des conseils à donner pour réaliser des surimpressions ?
Difficile de donner des conseils. Moi je procède en réfléchissant ce que je vais superposer et pourquoi. Je trouve intéressant tant qu’à faire, de tourner l’appareil dans plusieurs sens. J’ai remarqué qu’au delà de trois surimpressions c’est difficile de ne pas surexposer le film, et puis l’image devient vraiment confuse.
Quelle part laisses-tu à l'expérimentation dans ta pratique photographique ?
Une grande part ! :) Comme je l’ai déjà dit, j’aime la diversité, alors je suis enchantée de rentrer en contact avec de nouveaux outils et de nouvelles pratiques.
Ces derniers temps j’ai également commencé la pratique du sténopé et du cyanotype. Ces différentes techniques, permettent de nous transporter dans d’autres mondes et d’ouvrir à d’autres visions.
Des projets à venir dont tu aimerais nous faire part ?
Je travail sur un projet féministe, « Souffrir pour être belle ? ». En résumé il interroge le lien que nous, les femmes avons aujourd'hui par rapport à l'injonction "Souffrir pour être belle". Et ce au travers de notre relation avec notre garde-robe. Jusqu'à quel point nous acceptons les contraintes et douleurs provoquées par nos vêtements ? Pourquoi et dans quelles mesures? Je compte continuer les prises de vues en différents endroits géographiques pour apporter une réflexion large. J’aimerais un jour pouvoir un faire un livre.
Un autre projet en cours est « l’esprit des lieux » que je fais en collaboration avec mon compagnon, Benjamin Bachelier, peintre. Nous fabriquons des masques, très simples et bruts et nous choisissons des endroits qui semblent désertés par l’humanité. C’est un travail entre photographie et peinture.
En cours encore, un travail sur les cicatrices que laisse la vie sur les corps. Celui-ci est tout au commencement.
Et plein d’autres encore
Vous pouvez retrouver Pauline sur Instagram, son site internet et sa LomoHome.
Le Diana F+ est disponible sur notre boutique en ligne.
2022-02-12 #équipement #people
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