Lomography x Jeu de Paume : À la manière des avant-gardes par Jeanne Gavillet

Il y a quelques mois nous lancions un appel à candidatures avec le Jeu de Paume pour trouver cinq photographes souhaitant relever notre défi photographique à l'occasion de l’exposition Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA, La collection Thomas Walther. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous dévoiler les images réalisées par Jeanne Gavillet avec la pellicule Lomography Berlin Kino B&W 120. En s'inspirant des œuvres de l'exposition, la photographe a joué avec un miroir pour créer des compositions expérimentales. Elle nous en dit plus dans article.

Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, je suis une photographe et graphiste franco-suisse qui vit à Montreuil. Je fais aussi de la vidéo. En argentique j’aime beaucoup travailler en moyen format, pour cette série j’ai utilisé mon Rolleiflex et mon Mamiya RZ67. Je fais pas mal de portraits.

Pourquoi as-tu décidé d’envoyer ta candidature pour ce projet ?

J’avais des idées de portraits en noir & blanc depuis quelques temps et je voulais essayer de les compartimenter en y incluant d’autres éléments à l'aide de miroir qui pointerait sur du hors-cadre.
Je me suis dit pourquoi ne pas essayer d'être sélectionnée dans le cadre de l'appel à projet. Si j’étais retenue ce serait l’occasion de compléter mes recherches lors de la visite de l’exposition du Jeu de Paume.

Que représentent les avant-gardes pour toi ?

Une liberté, une envie d’explorer complètement les outils de la création. Être sur cette frontière entre la création et l’exploration optique.

Quels sont les photographes/photographies de l’exposition qui t’ont inspirée ?

Alvin Langdon Coburn et sa « vortographie » d’Ezra Pound, m’a inspirée dans la composition de mes images. Il y aussi le portrait constructiviste de Joe Oliver par Edward W. Quigley et Aenne Biermann et son close-up de Ficus Elastica.
Les compositions et les portraits d’André Kertesz dont j’admire le travail. La photo de l’atelier était très inspirante dans son abstraction de l’espace.
Le diptyque d’Elfriede Stegemeyer m'a beaucoup parlé. Je suis souvent attirée par ce genre d’images qui met en perspective deux images différentes ; ici le détail d’un visage accolé à un rivage. Ça peut apporter du sens ou juste de la poésie. Dans les photos que j’ai réalisées pour cet appel à projet on peut aussi construire des diptyques ou des triptyques à partir d’images distinctes.

Peux-tu nous parler du sujet de ta série et des techniques utilisées ?

Je voulais construire comme un dialogue entre le modèle, les fleurs et la lumière, essayer de traduire en images les émotions et le lien silencieux qui peut exister avec les êtres et les choses que l’on regarde.
Comme je testais la pellicule Berlin Kino 400 ISO qui est assez sensible j’ai pu faire mes images en intérieur.
J’ai utilisé un miroir pour couvrir une partie de l’image. Je l’ai mis proche de l’objectif, le modèle est face à l’objectif et le miroir pointe vers les fleurs qui sont pratiquement derrière l’appareil au moment où je prends la photo. Au final c’est presque l’effet d’une double exposition mais j’aime bien qu’on ne voit pas le miroir.
Dans les photos suivantes, la lumière pointe sur des tout petits miroirs qui la projette sur le visage du modèle. J’ai aussi utilisé des calques pour effacer une partie de l’image et révéler des ombres.

Vous pouvez retrouver Jeanne sur son site internet, son Instagram et sa LomoHome.

L'exposition Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA, La collection Thomas Walther est visible au Jeu de Paume à Paris jusqu'au 13 février 2022. Plus d'informations sur le site internet du Jeu de Paume. Suivez le centre d'art sur Instagram ou Facebook.

Pour retrouver les photos des autres participant.e.s à l'appel à projet, c'est par ici.

écrit par florinegarcin le 2022-01-20 dans