Un moment avec Rebecca et le Petzval 85: une bonne dose d'humour et de créativité

Aujourd'hui, on vous propose de rencontrer un personnage haut en couleurs : Rebecca. Son histoire avec la photo commence à 16 ans lors d'un voyage en Sicile. Depuis, Rebecca n'a jamais plus quitté ses appareils. Cette photographe talentueuse qui nous vient tout droit de La Rochelle nous parle de son expérience avec le Petzval, partageant avec nous son approche de la photographie.

Nom : Rebecca Vaughan Cosqueric
Site web : rebecca-vaughan-cosqueric
Page Facebook : rebeccavaughancosqueric
Instagram : @rebeccavaughancosqueric
Appareil : Canon 5D mark III
Objectif : Petzval 85

Bonjour Rebecca, est-ce que tu peux te présenter à la communauté ?

Eh ben coucou la communauté ! Je m’appelle Rebecca, j’ai 30 ans, je suis photographe mais pas que, originaire de La Rochelle. J’ai un passif littéraire, je suis passionnée de cinéma, d’art, de voyages et d’histoire. Dans la vie, la partie de moi qui est britannique boit beaucoup (trop, mais alors, trop) de thé, je pense que ce critère me définit en grande partie. Je photographie surtout des visages, mais aussi des tournages, des mariages et plein d’autres choses.

Raconte-nous ton histoire avec la photographie. Comment es-tu tombée dedans ?

Je me souviens avoir souvent pris des photos petite, de tout (enfin surtout de mon cochon d’inde et de Fort Boyard), beaucoup. Mais je pense que ça a réellement commencé quand mon père m’a donné son Nikon EM pour partir en voyage de classe en Italie et en Sicile et qu’il m’a donné des pellicules 35mm, j’avais 16 ans. Je me souviens que quand j’ai reçu mes tirages plus tard, il y avait beaucoup de photos avec des fuites de lumière et je trouvais ça si beau, même si je savais que c’était techniquement « raté ». Puis il y en avait des plus réussies aussi. Et de là c’est devenu une passion. J’ai gagné un concours Nikon, et c’est très vite devenu mon métier.

Question compliquée et vaste (on attaque fort !) : pourquoi fais-tu de la photographie ?

Ouh la la ! Oui dites donc ! Pour moi la photographie c’est l’origine et la fin. J’en ai besoin comme un exutoire, quelque chose qui me permet de crier ce que je ne peux pas dire tout haut et puis c’est la source de beaucoup de questionnements aussi. C’est ce qui me permet d’exister comme je suis, et pas comme on aurait envie que je sois. En ce qui me concerne, c’est un peu une thérapie, ce qui fait que je respire correctement, comme de la ventoline quoi.

Quel est ton premier souvenir fort vécu derrière le viseur ?

En fin d’année dernière, j’ai photographié une fille de mon âge, qui avait subi une mastectomie. On a parlé, pendant longtemps. Ça n’était pas une épiphanie ou quoi que ce soit dans ce genre, mais c’était un moment sincère, et c’est un moment qui m’a fait prendre un tournant, pas forcément photographique, mais plutôt dans ma démarche.

Et ton premier appareil ?

C’était le fameux Nikon EM de mon papa, le « vrai premier » si on ne compte pas une ribambelle d’appareils jetables qui l’ont précédé.

Et maintenant, c'est quoi tes appareils (numériques et argentiques confondus) ?

Ma team argentique : un Nikon EM, un Fujica ST-801, un Zenit-E, un La Sardina édition Möbius, un Diana F+, un baby Diana et un BabyFisheye.

Ma team numérique : un Canon 5D mark III, un Nikon D7100 et un Olympus TG4 pour aller sous l’eau.

Quelle est la première chose à laquelle tu penses avant de déclencher ?

Si je ressens quelque chose ou non.

Tu fais du numérique et de l'argentique. Penses-tu que ces disciplines sont complémentaires ? Parle-nous de ton approche de ces deux disciplines ?

Dans mon cas, je pense qu’elles sont complémentaires oui. Je n’aurais pas l’approche que j’ai au numérique sans l’argentique. Le numérique a été une petite révolution pour moi, parce que ça repousse énormément de limites et l’immédiateté de l’expérience est fantastique. Quand j’ai commencé le numérique, j’étais comme un enfant qui goûte du sucre raffiné pour la première fois, hystérique et un chouïa insupportable.

Maintenant, je combine les deux plus sereinement. Quand j’utilise l’argentique, je prends plus de risques comme je le fais en numérique, et quand je shoote en numérique, j’ai une réflexion plus poussée qu’au début, plus calme.

Pourquoi est-ce que l'on continue de faire de l'argentique ?

Parce que c’est magique, et puis parce qu’il y a l’attente je suppose. C’est une démarche plus lente et plus posée qui oblige à prendre son temps, réfléchir. Je suis le travail d’un photographe prodigieux qui s’appelle Ryan Muirhead et qui ne travaille quasiment qu’à l’argentique (si ce n’est même exclusivement, il faudrait que je me renseigne davantage) et dans ses images on sent comme un flottement, une inertie, qui est selon moi quasiment impossible à reproduire en numérique. Ce qui n’enlève rien à la poésie que portent beaucoup d’images numériques. Et puis le grain quoi, le grain !

Comment composes-tu un portrait ?

Eh ben… Comme je suis autodidacte et bordélique, je n’y pense pas vraiment. La plupart du temps, je tâtonne dans la direction qui me plaît dans ma tête et souvent je trouve le fil conducteur que j’aime et qui correspond à la personne que je prends en photo. Mais il m’arrive aussi d’avoir une idée précise et arrêtée de ce que je veux. Parfois ça fonctionne et parfois non, et dans ce cas j’en reviens à la « règle n°1 ». Souvent, c’est la lumière qui décide, pas moi.

Qu'est-ce qui est le plus dur pour toi quand tu prends en photo un nouveau modèle ?

J’ai besoin de créer un lien, pas forcément dans la durée, mais à ce moment précis, j’aime parler, en savoir un peu plus sur les gens, connaître leur état d’esprit. Et quand je n’ai pas le temps, ou que le contexte ne me le permet pas, alors ça devient plus dur pour moi, mais ça amène aussi de chouettes surprises.

Des artistes qui t'inspirent ?

En vrac alors ! Natalia Ossef, qui est artiste peintre. Saul Leiter, photographe de rue principalement, qui peignait avec son appreil photo. Vivian Maier. Et Keaton Henson, qui est musicien et qui influence souvent ma manière de photographier.

Un livre de chevet ?

Milk and Honey, de Rupi Kaur ou alors Yes Man de Danny Wallace.

Un truc que tu détestes ?

Les morceaux de fruits dans les yaourts et la condescendance, ça fait deux mais je sais pas compter.

Parlons Petzval 85 ! Quelles ont été tes premières impressions en découvrant l'objectif ?

Ce fut l’amour visuel, il est si beau. Et puis cette impression de se retrouver dans la peau d’un photographe du 19ème siècle, c’est comme une machine à remonter le temps.

Le premier mot qui t'es passé par la tête quand tu l'as essayé pour la toute première fois ?

Il y en a eu plusieurs, entrecoupés de « Whaouh ! »

Parle-nous de ton expérience avec l'objectif. Comment ça s'est passé ?

Au début j’avoue que notre rapport fut tumultueux. Ça n’a pas été l’objectif le plus facile à m’approprier, mais une fois le cap du combo « ouverture+molette » passé, ça a été vraiment génial.

Cet objectif m’a rappelé mes débuts en photographie argentique. J’en ai beaucoup moins fait ces derniers temps, parce que l’image est devenue mon métier et que les clients qui demandent de l’argentique sont quand même très très rares, donc c’était très agréable de revenir à une sensation argentique en ayant le résultat immédiat du numérique.

Au final, je ne l’ai quasiment pas enlevé de mon appareil pendant trois semaines.

Pour quelles situations recommanderais-tu l'objectif ?

Personnellement je me suis sentie très à l’aise avec cet objectif en termes d’utilisation mais je ne pourrais pas couvrir un événement entier au Petzval (enfin, maintenant que je le dis, ça ressemble à un défi que j’aimerai relever).

Il est vraiment idéal pour le portrait. J’ai aussi essayé le paysage, et ça fonctionne si l’on aime les rendus empreints d’atmosphère, ça y apporte un poids. Je l’ai aussi testé dans le cadre d’un shooting d’inspiration mariage et c’est vraiment top, d’ailleurs j’aurais aimé être plus aventureuse sur ce terrain maintenant que je maîtrise un peu plus l’objectif.

Parle-nous de tes portraits. Je crois apercevoir quelques visages que l'on connait bien ici.

Eh eh eh oui ! Mes modèles sont pour la plupart sponsorisés par Lomography ! On peut reconnaître Chloé Vollmer-Lo et Gabrielle Malewski qui sont deux photographes de grand talent avec lesquelles j’ai eu le plaisir de partager un workshop en Février et pendant lequel j’ai eu l’occasion de les photographier à maintes reprises… J’ai aussi fait poser ma mère, ce qui est toujours une expérience particulière, parce que ça touche aux racines. Et puis Véronic Durand qui est une amie, et qui est très active dans le milieu de l’upcycling et du durable, à Nantes surtout, et Chloé Mazet, qui fait également partie de ma famille et qui est artiste de cirque spécialisée en corde lisse et qui a un talent fou.

Qu'est-ce que l'objectif apporte à tes portraits ?

J’aime le côté tordu, un peu déformé et incertain du Petzval mélangé à sa douceur. C’est tout ce que je recherche dans le portrait, l’inverse du lisse, et cet objectif entraîne dans ce sens je trouve, et c’est formidable.

Et qu'est-ce que ce type d'objectif t'a apporté dans ta pratique de la photo ?

Avec le Petzval, j’ai cherché des angles différents, beaucoup plus que ce que j’aurais au tendance à faire. Ça m’a donné envie de prendre plus de risques, d’aller chercher plus loin.

Des projets photos pour 2017 ?

OUI !!! <3

Trop de projets, pas assez de temps. Le plus gros est un projet personnel sur l’anxiété, et son impact concret sur la vie de tous les jours. Tout ça avec plein d’humour (enfin j'espère!). C’est un projet qui bouillonne depuis un moment et il est temps de lui faire voir le jour, mais ça ne sera pas pour tout de suite !

Un dernier mot ?

Dungarees ! (c’est mon mot préféré en anglais, ça veut dire « salopette » et ça me met en joie.)

Plus sérieusement, un grand merci aux personnes que j’ai poursuivies frénétiquement avec cet objectif en laiton à travers les rues de Paris, Nantes, de Haute-Savoie et de l’Île de Ré et qui se sont laissées prendre au jeu, et merci à Lomography, dont je suis profondément et résolument fan et que j’aime avec mon cœur anatomiquement correct.

écrit par mpflawer le 2017-04-17 dans

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