Yoann Leveque : douceur sauvage avec le Daguerreotype Achromat

Yoann Leveque est un photographe français qui, après avoir découvert le mystère qui se cachait sous un kilt, s'est installé à Paris où il vis actuellement. Le jeune homme de 23 ans poursuit des études de biologie et en parallèle, il fait de l'argentique. Pourquoi ? Parce que selon lui, "faire de l’argentique c’est cultiver une forme de patience". Rencontre avec Yoann et sa modèle Anna Marx pour une entrevue douce au Daguerreotype Achromat.

Nom : Yoann Leveque
Site internet : yoannleveque
Instagram : yoann_leveque
Appareil argentique utilisé : Nikkormat EL
Objectif : Daguerreotype Achromat

Salut Yoann ! Présente-toi à la communauté Lomography en 80 mots. Pas un de plus. Pas un de moins.

Yoann LEVEQUE, 23 ans. Je suis né dans la cité phocéenne, ville que j’ai longtemps dénigrée mais que je réapprends à aimer aujourd’hui. J’ai eu la chance de vivre en Écosse pendant un an où j’ai pu voyager et rencontrer des gens extraordinaires.

De retour après avoir découvert ce qu’il se cachait sous un kilt, je suis venu m’installer à Paris où je vis et poursuis mes études de biologie depuis maintenant 2 ans.

80 mots, pas un de plus.

Raconte-nous ton histoire avec la photographie argentique. C'était quoi ton premier appareil ? Et avec quoi tu shootes maintenant ?

Mon tout premier appareil a été un Canon T90 que j’ai récupéré pour presque rien dans un vieux magasin de photo du sud de la France. C’est toujours l’appareil que j’utilise aujourd’hui même si j’ai changé l’optique pour passer sur un 35mm. Il est lourd mais cet appareil est génial et il est increvable ! Il s’est même pris des coups de matraques durant les manifestations de l’année dernière à Paris, et il est toujours vivant. Les photojournalistes de l’époque l’appelaient « le tank » , je comprends pourquoi !

J’utilise aussi des jetables de temps en temps, pour le flash.

A l'heure du numérique, pourquoi avoir choisir de faire de l'argentique ?

Parce qu’aujourd’hui tout le monde cherche à tout avoir de suite, comme un enfant un peu trop gâté. Faire de l’argentique c’est cultiver une forme de patience, c’est prendre une seule photo là où on en aurait pris 100 avec un numérique, c’est faire jouer son imagination pour projeter une image hypothétique dans son esprit.

Quand tu prends une photo, à quoi tu vas penser dans un tout premier temps ? Et pourquoi ?

Il y a une question importante que je me pose souvent avant de déclencher qui est : « est-ce que cette photo vaut vraiment la peine d’être prise ? » c’est con mais la plupart du temps la réponse est non. Ça me permet d’améliorer mon œil et d’économiser de la pellicule.

Tu as aussi produit une série qui s'appelle Burn Project. Est-ce que tu pourrais nous en parler un peu ? Comment l'idée a germé et qu'est-ce que tu souhaites raconter avec cette série ?

Burn Project c’est une série que j’ai commencée au moment où je me suis mis à développer mes films B&W dans mon petit studio parisien. C’était la première fois que je pouvais contrôler le processus de création du début à la fin sans passer par un intermédiaire. J’ai donc fait quelques portraits de mes amis et de ma copine de l’époque et j’ai commencé par brûler une partie des films, c’était une sorte de création par la destruction, c’est une notion qui m’a toujours fascinée. J’ai brûlé des plein format, des 24x36, j’ai fait ça de façon aléatoire ou ciblée, j’ai aussi utilisé différents acides mélangés à du savon pour créer des formes aléatoires sur mes films.

La photographie argentique, c'est :

A) Biologique
B) Automatique
C) Politique

Réponse D Jean-Pierre, c’est mon dernier mot.

Eh bien puisque c'est votre ultime bafouille...Aurais-tu un conseil à donner aux photographes qui veulent s'essayer à l'art difficile et délicat du portait que tu pratiques avec un talent certain ?

Bois du vin et amuse toi !

Plus sérieusement, je pense que c’est avant tout une histoire de confiance. C’est une rencontre entre deux individus, il faut que quelque chose de fort se passe. Il faut tomber amoureux, montrer ce qu’il y a de beau chez l’autre.

Bon, passons aux choses sérieuses. Nous t'avons confié un Daguerreotype Achromat. Qu'as-tu pensé de la bête quand tu l'as découvert ?

Un instrument de mesure maritime du 18e siècle dans sa pochette en nubuck, je pars à l’aventure ?

Avec quel appareil l'as-tu utilisé ?

Mon Canon T90 n’était pas compatible avec le Daguerreotype, alors j’ai utilisé un Nikkormat EL que m’a prêté Yaj Rollseiger, autre photographe adepte des expérimentations. Cette série a donc été un double test, nouvel appareil et nouvel objectif.. on s’ennuie quand c’est trop simple, non ?

Comment se sont passés tes premiers essais ? Et globalement c'était une bonne expérience ?

J’ai testé le Daguerreotype uniquement en argentique et qui plus est avec un appareil qui n’était pas à moi. Pas facile donc. Mais après 3 ou 4 photos « test » j’ai commencé la série avec Anna. La prise en main est super simple. Le fait de devoir changer les diaphragmes à la main peut faire peur au début mais on en devient vite accro ! C’était une super expérience !

Tu nous parles un peu de ta série ? c'était où ? Et qui est ton modèle ?

Le rendu très doux de l’optique m’a poussé à partir sur une série de portraits. Je voulais aussi un modèle naturel et sobre pour limiter la temporalité de la série, c’est pour ça que j’ai choisi Anna Marx, une Russe polyglotte qui fait ses études à Paris. Je l’ai rencontré spécialement pour la série, cette fille est géniale et inspirante ! On est allé dans la Galerie de Paléontologie et d'Anatomie Comparée parce que la lumière en hiver y est assez dingue. On a aussi fait quelques photos dans les serres, 5 balles pour voir des plantes, se font pas chier à Paris !

Pour quelles situations recommanderais-tu cet optique en particulier ?

Pour les portraits avant tout ! J'ai beaucoup utilisé l'ouverture à f2.9 qui permet d'avoir une profondeur de champ très serrée sur le sujet et de le sublimer par un effet lissé rendu par l'optique.

Qu'est-ce que tu as préféré chez cet objectif ?

Il est entièrement manuel ! Je trouve ça incroyable, ça remet un peu d’art dans la photo. Devoir enlever et remettre soi-même les diaphragmes, c’est juste génial !

Si tu devais décrire le Daguerreotype Achromat en trois mots ?

Douceur, Art et robustesse.

Une astuce quant à l'utilisation de cet objectif ?

Le feeling ! Ne pas avoir peur de prendre une photo, il transmet les émotions d’une manière particulière et on n'est jamais déçu !

Des envies et des projets ?

Je pars vivre quelques mois aux USA pour mes études, j’espère pouvoir continuer plusieurs projets en cours et en développer de nouveaux là-bas ! Je m’intéresse aussi de plus en plus au photojournalisme, j'ai un immense respect pour des photographes comme Don McCullin qui ont produit des photos humanistes qui me touchent énormément et sans aller dans l'extrême des photographies de guerre j'aimerai m'orienter dans les prochains mois vers des séries plus axé sur l'humain.

Un livre de chevet ?

Louis Ferdinand Celine, Voyage au bout de la nuit

En dehors de la photo, que fait Yoann Leveque ?

Il étudie le fonctionnement de l'organisme ! Quand on y pense, c'est dingue de se dire que tout notre corps a été bâti à partir d'une seule petite cellule de 0,2 millimètre ! Moi ça me fascine ..

écrit par mpflawer le 2016-01-16 dans #culture #Gens #portrait #paris #photographie-argentique #daguerreotype-achromat #yoann-leveque

Daguerreotype Achromat 2.9/64 Art Lens

Le premier objectif optique au monde crée en 1839 a été repensé pour fonctionner avec les appareils photo numériques et argentiques modernes, et ainsi offrir une esthétique unique. Compatible avec les montures Canon EF et Nikon F, et beaucoup plus en utilisant des adaptateurs.

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