Amaury Voslion : moments de Grâce au Daguerreotype Achromat
3 Share TweetAujourd'hui, on passe un peu de temps avec Amaury Voslion, adepte de nos objectifs artistiques. Dans cette interview, le réalisateur nous raconte son nouveau projet, Mingus Erectus, et partage avec nous les toutes premières photos de son film, comme autant de séquences muettement symphoniques. Le noir et blanc devient une matière, Amaury, un peintre, le Daguerreotype, un pinceau. Ronronnent alors les mélodies de Mingus, battent la mesure les poèmes de Noël Balen. Découvrez donc les premières étincelles de vie de ce projet dont seul Amaury a le secret.
Bonjour Amaury, nous te retrouvons pour Mingus Erectus, ton nouveau projet. Peux-tu nous en parler et nous expliquer ta démarche ?
Mingus Erectus est un film que l’on peut qualifier « de recherche ». Que ce soit par la forme, comme par le fond. À l’origine c’est un recueil d’une trentaine de poèmes de Noël Balen en hommage à Charles Mingus, publié chez Le Castrol Astral. Plus de la moitié des textes a été mis en musique et interprétés par des narrateurs de haute volée. Irène Jacob, Dominique Pinon,Thomas de Pourquery, Michel Jonas, Passi, Viktor Lazlo où l’immense Liz Mc Comb … Et le casting des musiciens qui interviennent est au moins aussi impressionnant. Michel Portal, Jacky Terrasson, Géraldine Laurent, Les frère Enhco, Stéphane Belmondo, Ricky Ford, Boyan Z, Emmanuel Bex (…)
Alors ce recueil qui est aussi un disque, des comédiens, des interprètes, des musiciens, tout cela c’est déjà la promesse d’un film ! Quand en plus je me suis rendu compte que finalement Charles Mingus avait plus écrit la vie de Noël que Noël n’avait écrit sur Mingus, je me suis dit « là il y a vraiment un film ». Noël a eu une vie de musicien avant de devenir écrivain, il a choisi la contrebasse comme instrument. Parce qu’il a croisé Mingus à 17 ans, en poster dans la vitrine d’un magasin de musique quelque part en Espagne. C’était en 1978. Je trouve ça vraiment génial que tout parte d’une photo, reproduite en poster, offerte à la rue… On se trouve les mentors que l’on veut quand on a 17 ans et qu’on ne connait personne. Il a choisi Charles Mingus. Alors, avec ce film, tout en étant témoins des sessions studio de la fabrication de l’album Mingus Erectus, nous cherchons Mingus, en invoquant son esprit et en utilisant les médiums que sont la poésie, la musique et le cinéma. Nous invitons son fantôme à venir hanter le film.
Peux-tu nous parler de l’univers que tu as souhaité créer pour le film, produit par Perspective Films et Gaëlle Jones ?
Le noir et blanc s’est imposé. C’est un classique du jazz, un cliché même. Pourtant j’ai opté pour la bichromie d’abord par souci « de production ». Je savais qu’il y aurait des décors et des ambiances différentes et que je n’aurais pas les moyens de ré-éclairer les espaces, et que ce serait pus facile d’unifier l’ensemble. Je pratique le noir & blanc depuis toujours, j’ai plus de facilité, lorsque les moyens sont très limités, avec le noir et blanc, d’obtenir une image qui me convienne. Étant seul, j’ai choisi ce que je maîtrise le mieux pour me limiter les soucis techniques.
Pourquoi avoir choisi de tourner avec un objectif artistique ? Et dans quelle mesure l’objectif t-a-t-il permis de créer cette ambiance si particulière ?
Avec le Daguerreotype Achromat, j’ai pu fabriquer une image qui me rappelle le 16 mm et le cinéma des années 60. Ce qui est en parfaite adéquation avec le sujet et le souhait de brouiller la notion d’époque. Les séquences comme les sessions en studios semblent être d’hier et d’aujourd’hui en même temps. Cela nous invite un peu plus à entrer dans ce rêve qu’est le film.
Je cherche depuis longtemps à fragilisé l’image numérique, rompre sa perfection pour créer un espace de fiction par le flou. Laisser une place à « l’indéfini », pour faire émerger le poétique. Là j’ai trouvé un outil formidable, même si l’ergonomie n’a pas la précision d’une focale ad hoc, il faut finalement pour filmer avec, savoir s’en remettre à l’accident…
Comment se passe le tournage ?
Huile de coude et moment de grâce.
Même si le tournage est encore en cours, peux-tu nous confier ton meilleur souvenir ?
Pas de meilleur souvenir et puis il reste de très très belles choses à tourner, mais j’avoue qu’être seul dans la live room avec tous ces grands artistes est une expérience extrêmement privilégiée. Et la session avec Liz Mc Comb a été presque mystique, tant elle a donné, si sincèrement. Un grand moment.
Pour d’autres projets aussi formidables, mais dans un genre différent, tu avais utilisé le Petzval. Du coup, team Petzval ou Daguerreotype Achromat ? Et pourquoi ?
Sincèrement les deux font un bon job, ils ont une complémentarité d’ailleurs, qui se vérifie selon l’usage que l’on en fait. Team Lomo du coup !
Pourquoi cette affection particulière pour nos objectifs artistiques ?
Parce qu’ils œuvrent à faire émerger mes intentions.
Ta chanson préférée de Mingus ?
Alors on ne dit pas chanson, même si plusieurs titres pourraient en être, mais j’en ai plusieurs bien sûr, mais pour n’en citer que 3, je dirais À fleur de cuir, avec Thomas de Pourquery en narrateur et Stéphane Belmondo au solo du bugle. Parce que Thomas y est sublime de tendresse et que Stéphane nous offre un filet de notes à pleurer, sur un morceau vraiment magnifique d’Etienne Gauthier (le compositeur avec qui Noël a fait le disque). To be or not to Bop, avec Passy en narrateur, et les solistes Boyan Z au piano et Garaldine Laurent au Saxo. Et enfin Le Saint noir et les femmes pécheresses, qui est devenu un duo Michel Jonasz / Liz Mc Comb, sans doute le titre le plus chanson pour le coup !
Ton poème préféré de Noël ?
Apparition. C’est le tout premier poème, qui raconte sa rencontre avec Mingus, dans cette vitrine de San Sebastian, le seul poème écrit à la première personne du sujet.
Un dernier mot ?
Faites l’amour, c’est très bon pour la santé.
RAPPEL : Mercredi 2 novembre à 19h : soirée de lancement du livre/disque Mingus Erectus à la Galerie 24b
Dans le cadre de l'exposition rétrospective et prospective Mues organisée du 13 octobre au 10 décembre à la Galerie 24b, à Paris, une soirée spéciale dédiée à la sortie du livre-disque Mingus Erectus de Noël Balen publié aux Éditions Le Castor Astral est organisée le mercredi 2 novembre 2016 à partir de 19h.
Au programme : projection de séquences du film d’Amaury Voslion tournées au Daguerreotype Achromat, rencontres, concert et lancement du livre/disque de Noël Balen. Mais également découverte de Mues, une exposition qui rassemblent les travaux de dessinateurs, photographes, sculpteurs, graveurs, peintres ou encore musiciens du monde entier.
Lomography tient une nouvelle fois à adresser ses plus vifs remerciements à Amaury Voslion, aux éditions Le Castor Astral , Perspective Films et la galerie 24b, tous partenaires de ce projet.
écrit par mpflawer le 2016-10-18 dans #équipement #vidéos #daguerreotype-achromat #mingus-erectus
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