LomoWomen : "Les fessées DIY" par Romy Alizée avec le Lomo'Instant Square Glass (NSFW)

En ce mois de mars, nous mettons à l'honneur les femmes photographes sur le Magazine Lomography. Nous avons saisi cette opportunité pour nous entretenir avec Romy Alizée qui est artiste, performeuse et travailleuse du sexe. La photographe, qui travaille principalement à Paris et Berlin, est connue pour sa lutte contre la censure des réseaux sociaux et elle a notamment publié sa tribune "En furie contre la censure du Net" en 2018 dans Libération. Dans sa pratique elle cherche à bousculer les codes de l'érotisme et de la pornographie comme le montre sa série de photos d'un "atelier fessée DIY" capturée avec le Lomo'Instant Square Glass. Nous nous sommes entretenus avec Romy Alizée qui insiste sur le fait qu'il est "important de connaître des femmes photographes, d’être unies, de collaborer.".

Hello Romy ! Comment as-tu commencé la photographie, quelle place occupe-t-elle dans ta vie aujourd’hui ?

Je suis autodidacte. J’ai été modèle photo érotique pendant des années et c’est en observant les autres que j’ai appris la photographie. Par ce biais, j’ai aussi développé un regard critique sur la photographie érotique, ce qui m’a amenée à préciser ce que j’allais choisir de représenter, et comment.
La photographie occupe une grande place dans ma vie mais je l’ai étirée à la pratique cinématographique à travers une trilogie de films photos dont le premier épisode, “Romy & Laure et le secret de l’Homme Meuble” est sorti l’an dernier (co-réalisés avec Laure Giappiconi).

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

La culture porn, mes potes travailleuses du sexe, les images de cul vintage, les films pornos des années 1970, la mode, et les gouines.

Photos prises par Romy Alizée avec le Lomo'Instant Square Glass. Modèle : Morthy Devase.

En décembre 2018, Libération a publié ta tribune En furie contre la censure du Net suite à la fermeture de ton compte sur Instagram. Peux-tu nous en dire plus sur ton engagement ?

J’ai écrit cette tribune pour visibiliser ce qui était alors peu mis en avant : la censure arbitraire des réseaux sociaux. Une censure excluante qui est à l’image de notre société patriarcale : raciste, grossophobe, putophobe, transphobe. Depuis, je ne vois aucun changement et la loi Avia qui est en passe d’être validée par le gouvernement n’améliorera pas la situation. La pornographie se retrouve être la cible idéale car depuis toujours, on lui fait porter la responsabilité des violences faites aux femmes et aux enfants. Pourtant, des réalisatrices, artistes féministes et queer oeuvrent pour une représentation plus inclusive et diversifiée des sexualités et des corps mais les outils de promotion sont les réseaux sociaux et internet plus globalement. Le problème, si on nous en exclue, c’est que nos contenus ne parviendront pas à leur public. Ces pratiques de censure nous retirent donc toute autonomie créative et toute possibilité de monter des projets indépendants sur la sexualité. Je conseille la lecture de cette tribune que j’ai signée, contre la censure de la pornographie.

Tu photographies principalement des femmes, parfois des hommes, quasiment toujours des corps nus. Quel est ton rapport à la nudité photographiée ?

J’ai toujours été intéressée par les représentations de corps nus, et ce depuis l’enfance. Je n’ai aucune idée d’où cela me vient mais très tôt j’ai eu envie d’être le genre de femme qui poserait nue. Devenir photographe m’a permis de pallier à un manque flagrant de diversité dans l’imagerie érotique classique. Ce regard d’homme (le photographe) sur une (jeune) femme (la modèle) raconte une histoire qui n’est pas la mienne, mais qui s'établit comme regard neutre, conditionnant ainsi nos imaginaires et nos désirs. J’ai souffert de cette culture du male gaze car je comprenais bien qu’elle ne s’adressait pas à moi, et pourtant, ce regard a modifié ma perception de moi-même et des autres. Choisir de s’auto-représenter, d’investir le champ de la pornographie, de l’érotisme et d’en bousculer les codes a donc été une nécessité. Un geste d’amour et de désir, de révolte aussi. D’affirmation.

Photos prises par Romy Alizée avec le Lomo'Instant Square Glass. Modèle : Morthy Devase.

Et quel est ton rapport à l’autoportrait et à la mise en scène de soi ? Est-ce que tu dirais que c'est dans la continuité de ton travail de modèle et de tes études de théâtre ?

Oui, complètement. Je suis une actrice, une performeuse. Être le sujet principal de mes photos permet de raconter une histoire, celle d’un regard, le mien. C’est une façon de rejouer le travail de modèle sauf que je suis celle qui choisis la mise en scène, la pose, et celle qui clique sur le déclencheur. C’est également plus facile d’être mon propre modèle pour les images explicites car je m’autorise tout, je n’ai aucune pudeur liée à mon corps représenté et je ne suis pas sensible aux objections morales. Ma démarche est claire et je sais où je vais et pourquoi je fais ce travail de représentation.

En tant que femme photographe, quelle est ton expérience dans ce domaine ? As-tu l’impression que le genre a de l’importance ? As-tu des expériences positives ou négatives à partager avec nous ?

L’enjeu c’est d’être embauchée, exposée, éditée, visibilisée. Et pas pour les mauvaises raisons. Il est fini le temps des catégories “spéciales femmes”. Les artistes femmes talentueuses sont très nombreuses, mais comme dans chaque milieu, il y a des dominants qui tiennent à garder le contrôle et tant que ce sont eux aux commandes, il est compliqué de faire sa place. Je conseille à toute le monde de consulter le site du collectif La part des femmes pour comprendre un peu comment fonctionne le sexisme dans le milieu de la photographie. Pour moi c’est important de connaître des femmes photographes, d’être unies, de collaborer.

Photos prises par Romy Alizée avec le Lomo'Instant Square Glass. Modèle : Morthy Devase.

Peux-tu nous parler de la série photo que tu as réalisée avec le Lomo'Instant Square Glass ?

Je travaille en noir et blanc donc c’était un peu challengeant de faire de la couleur. Je voulais éviter de faire des polas “cool” de meufs “cool” alors j’ai réfléchi à quelque chose de plus marrant. Avec Morthy, qui pose sur la série, on a imaginé un atelier fessée DIY pour une sexparty. La série part donc de cet atelier. Je trouvais que ça fonctionnait bien sur un format mini-série.

Qu'est-ce que tu as pensé de notre appareil instantané ? Tu prends principalement tes photos en argentique, qu'est-ce que la photo instantanée t'a apportée ?

Je ne suis pas une habituée de l’instantané et je travaille beaucoup mes cadrages. Là, c’était un peu difficile d’être précise et j’ai fait quelques ratés, haha. Mais c’est intéressant de construire une série un minimum cohérente de façon spontanée. À refaire !

Des projets à venir dont tu aimerais nous parler ?

Cette année, je vais m’atteler à un projet de performance avec Marianne Chargois. Ce sera politique, forcément, et nous aborderons notamment le traitement sexiste dont les artistes femmes sont victimes. Puis, en juin, sortira l’épisode 2 de la trilogie de films que je réalise avec Laure Giappiconi : “Romy & Laure… et le mystère du Plug Enchanté”. Le premier épisode est disponible sur IndieBill. Enfin, je poursuis mes travaux photos, toujours dans cette logique de représenter le désir queer et lesbien et de prendre de la place !


Pour en savoir plus sur Romy Alizée, rendez-vous sur son site et suivez la sur Instagram et Twitter.

écrit par florinegarcin le 2020-03-08 dans #lomowomen

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Lomo'Instant Square Glass

Lomo'Instant Square Glass

Le Lomo'Instant Square Glass est le tout premier appareil au monde entièrement analogique à produire des photos au format Instax square. Il vous permet de capturer le monde de manière spectaculaire avec des clichés format carré parfaitement composés. Avec son objectif 95mm en verre (équivalent 45mm) et son mode automatique perfectionné qui se charge de l'exposition, le Lomo'Instant Square Glass permet de prendre des photos parfaitement exposées et incroyablement nettes.

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