Community Amigo : @polbis

Pauline Dupin est une jeune étudiante en photographie et un membre de la Communauté depuis peu. Sa série Faire apparaître, mêlant photographie, poésie et couture, nous a tellement séduit que nous lui avons proposé une interview Community Amigo afin de vous faire découvrir ses créations.

Nom : Pauline Dupin
Lomohome : @polbis
Ville : Toulouse
Age : 23 ans

Photos extraites de la série Faire apparaître prises avec le Holga.

Bienvenue sur le Magazine, Pauline ! Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi ?

Hello ! Je m’appelle Pauline, et je suis en deuxième année en école de photographie à Toulouse que j’ai intégrée après avoir suivi un cursus de trois ans aux Beaux-Arts (à Toulouse également). L’image, c’est un peu une histoire de famille. Le salon de ma grand-mère paternelle regorge d’albums de photos de famille sur plusieurs générations. À chaque visite chez elle, je parcourais ces archives avec engouement et aujourd’hui encore le plaisir est toujours le même. Je pense que la présence de ces images autour de moi a vraiment participé à ce que je fasse de la photographie. En quelque sorte, elle m’a transmis ce besoin de conserver une trace de ce qui est au moment où on déclenche.

Depuis combien de temps es-tu Lomographe ?

C’est grâce à mon père que j’ai découvert Lomography. Il a acheté ses premiers appareils il y a 7 ou 8 ans, un Holga, que je me suis empressée de lui subtiliser... Nous avons cette passion commune pour la photographie qu’il pratique aussi et « l’objet », nous collectionnons depuis quelques années des appareils en tous genres, en état de fonctionnement ou pas. Il y a toujours ce plaisir d’avoir l’appareil entre les mains, de le manipuler et de l’apprivoiser, et l’excitation de découvrir la première pellicule réalisée avec.

Quels sont les appareils photo que tu possèdes ?

En numérique, je travaille avec un Nikon D750 et un 50 mm, j’ai essayé des focales plus courtes mais je reviens toujours à la même. En argentique, je possède un Nikon F801, deux Holga 120N, un Fugifilm Instax 210, un Polaroid One Step 600, et enfin le dernier de la petite famille le Diana Instant Square. C’est une petite collection que j’essaie d’agrémenter au fil des années, je rêve notamment d’un Polaroid à soufflet, le Land Camera 220. Malheureusement les pellicules se font rares et onéreuses.

Peux-tu nous raconter ton expérience avec eux ?

L’expérience est vraiment différente selon l’appareil que j’utilise. Chaque appareil va me servir dans un projet particulier, j’aime le fait de dédier un outil à une idée. Aujourd’hui, je n’utilise plus que mes Holga, mon Diana, et mon numérique.
Au sujet de mon Holga, je l’utilisais depuis quelques années en étant toujours un peu déçue du résultat, puis l’année dernière j’ai commencé à expérimenter sur des images que je tirais au laboratoire de l’école. Je cousais, grattais, déchirais. Finalement l’argentique et notamment le tirage m’ont en quelque sorte reconnecté avec ma formation initiale des beaux-arts avec laquelle j’étais un peu fâchée. Au même moment, un de mes profs m’a fait découvrir le travail du graphiste Vaughan Oliver qui m’a beaucoup inspirée. J’ai alors pensé à utiliser le Holga dans un projet particulier en prenant un peu le contrepied de son rendu aléatoire en le mettant sur un trépied. Le but était de créer un véritable objet, mêlant photographie, arts plastiques et écriture, c’est comme ça que la série Faire apparaître est née, avec cette envie de fabriquer un objet sensible et poétique, avec un outil spécial comme le Holga.
Le numérique lui, me sert d’avantage pour du portrait ou du reportage. Aujourd’hui, ma démarche est aux antipodes de mes débuts, j’ai besoin de poser les choses, de fabriquer une idée et la réfléchir avant de la réaliser. Dans le portrait, j’ai besoin de prendre mon temps et de me déplacer autour de la personne pour tenter de « sonder » quelque chose, une attitude, un regard, un angle particulier, et pour cela j’ai besoin de faire beaucoup d’images. Le numérique me permet ça.
Quant à mon Diana Instant Square, je l’emmène partout depuis que je l’ai reçu en décembre, les images que je réalise avec sont des sortes de « fragments ». J’ai toujours adoré l’image instantanée, il y a un côté fragile et précieux que j’affectionne tant. On peut les glisser dans un portefeuille et les tenir au creux de la main.

Photos extraites de la série Fragments, prises avec le Diana Instant Square.

Quel est ton appareil Lomography préféré ? Pourquoi ?

Je n’ai pas testé beaucoup d’appareils, seulement le Diana et le Holga, mais si j’avais l’opportunité (ce n’est pas un appareil) j’essaierai l’objectif Daguerreotype Achromat pour le rendu pictural qu’il confère aux images et bien sur pour l’objet en lui même qui est magnifique !

À ton avis, pourquoi on continue de faire de l’argentique ?

C’est assez compliqué de répondre, il y a des centaines de réponses différentes à cette question. J’ai l’impression qu’il y a un certain mysticisme qui entoure la photographie argentique et peut-être un peu de nostalgie aussi sur les pratiques du passé et sur le statut que l’image avait avant le numérique. La plupart des passionnés d’argentique sont aussi des collectionneurs, des chercheurs... Ils expérimentent et l’objet est aussi important que l’image elle-même. Il y a une telle diversité d’appareils, de formes et de formats. Il y a quelque chose de physique d’avoir ses négatifs entre les mains et un tirage argentique détiendra toujours ce caractère unique à l’inverse de l’impression numérique...

Quels sont les sujets que tu aimes photographier ?

Ce qui m’inspire le plus ce sont les corps et la nature, mais aussi et surtout les femmes. J’ai beaucoup photographié mes grands-mères et ma mère, et en ce moment je suis en travailler sur un projet réalisé à la chambre 4x5 sur les femmes de famille, des portraits dans des paysages ... Un travail de mémoire sur ma famille maternelle.

Tu peux nous parler des photos que tu as choisi de nous montrer ?

J’ai choisi de vous montrer la série sur laquelle je travaille en ce moment Faire apparaitre. C’est la première série au long cours que j’essaye d’enrichir peu à peu démarrée en 2018. Comme racontée un peu plus haut, c’est une série qui mêle écriture, image et couture. Paysages, corps, mots. L’image peut être inspirée d’une phrase, d’un mot ou l’inverse. J’avais vraiment cette volonté de créer un objet palpable composés de différentes matières comme le calque, le papier, le fil cousu. Aller chercher dans l’image un détail et le révéler par l’ouverture du calque. Il y a aussi mes Fragments réalisés au Diana Instant Square qui sont le résultat de choses qui m’ont marqué : une lumière, un geste, un visage... Aussi quelques images couleurs avec mon Holga, qui s’inscrivent dans la même démarche que les photos réalisées avec le Diana.

Photos extraites de la série Faire apparaître et photos prises avec le Holga.

Des LomoHomes que tu aimes suivre ?

Cela fait peu de temps que j’ai créé ma LomoHome, cependant j’ai déjà repéré quelques lomographes dont j’aime beaucoup l’univers :
- @chromagnon avec sa série « Red Smena & Blue Regula » et des images brutes,
vibrantes aux couleurs intenses...
- @roman11S et son univers d’une poésie incroyable, intemporel.
- @hakikimameshiba et sa série « Kadıköy’de sis! » emprunt de mélancolie où les scènes se passent au bord d’un port, on y sent l’attente des gens photographiés, leurs regards tournés vers la mer.


Retrouvez tous les travaux de @polbis, sur sa Lomohome et sur Instagram.

2019-03-12

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