La cité Felix Pyat à travers l'objectif d'Adlan Mansri !

Adlan Mansri, notre LomoAmigo fidèle nous a nouveau pris avec lui en voyage, cette fois-ci à Marseille, ville ensoleillée et aux multiples inspirations culturelles ! Plongez dans cet univers contrasté et découvrez ce qui inspire ses voyages dans cet interview révélateur.

Bonjour Adlan, on est ravis de pouvoir t’accueillir à nouveau ! Peux-tu parler de ton parcours rapidement, et les projets que tu as pu entreprendre depuis la dernière fois ?

Salut Lomo, ravi d’être ici depuis tout ce temps. 2017 a été une année plutôt mouvementée. La dernière fois qu’on s’est parlé, je partais vers la Corée du Nord. Ensuite j'ai pas mal voyagé, principalement en Europe, pour des petits projets. En ce moment je suis au Moyen-Orient, je navigue et je m'inspire de nouvelles énergies pour réaliser des nouveaux projets.

Tu nous disais vivre à Berlin. Pourquoi avoir choisi Marseille pour ce nouveau projet ?

J’étais à Marseille pour une commande des Inrocks, ils m’ont demandé d’aller dans les quartiers nord afin d’y photographier un groupe de rap, Guirri Mafia, qui vit la bas et de documenter leur vie dans le quartier. Marseille c’est une ville que j’aime beaucoup de base, j’y passe beaucoup de temps car j’y ai de la famille. Du coup je fais souvent des allers-retours depuis Berlin pour aller passer du temps dans cette ville. D’ailleurs c’est une de mes villes préférées en France. J’aime son authenticité, sa chaleur, sa nourriture. Je m’y sens bien, et si je devais revenir vivre en France, ça serait sûrement pour m'installer la bas.

Cette nouvelle série photo montre un monde qui semble assez dur et dans lequel les jeunes doivent se battre pour gagner leur vie, réussir. Pense-tu que tu as pu capter l’essence de cette ville ?

Cette série a été faite dans les quartiers nord, dans la cité Felix Pyat. Je ne pense pas que ce quartier représente l’ensemble de l’agglomération marseillaise, et heureusement. Felix Pyat c’est le quartier le plus pauvre de France. Les gens qui vivent dans ce quartier ont une réelle force intérieur qui leur permet de faire face à ce qu’ils endurent tous les jours. Je pense, ou du moins j'espère, avoir réussi à capter l’essence de ce quartier, uniquement parce que j’ai eu l’occasion d’y rencontrer des gens qui m’ont fait découvrir des morceaux de leur vie, qui ont partagé avec moi leur réalité et avec qui j'ai été sincère.

On t’a donné une pellicule LomoChrome Purple. Les rendus sont assez distincts. Ton projet initial est plutôt réaliste, axé sur la vérité des banlieues de Marseille, tandis que cette série est plus colorée, fantaisiste ! Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Je voulais une dimension surréaliste comme je l’avais fait avec mes photos de Corée du Nord que vous aviez publiées. Je fais la différence entre fantaisiste et surréaliste. Je pense que la vie dans les quartiers nord de Marseille est un peu surréaliste, y a un manque de moyens énorme la bas, un taux de chômage très élevé et pas d’accompagnement ou de fonds pour aider les plus jeunes. Du coup je pense que donner de la couleur ça permet d’avoir les yeux fixé sur ça, de voir les détails, sans pour autant donner un côté fantaisiste qui nous empêcherait de voir ces problèmes. Je ne sais pas si c’est très clair ce que je dis, mais je pense que ça donne un côté social différent, ça permet de voir différemment les problèmes face auxquels les habitants font face.

Tu as aussi pu réaliser une série aux aspects de ‘backstage’ avec notre Lomo’Instant Wide. Qu’en as-tu pensé ? Ça t’a plu ?

Felix Pyat et les quartiers nord de Marseille c’est un peu les backstage de Marseille et de la France. Le côté qu’on voit pas, derrière les rideaux. Le côté qu'on essaye de cacher parce qu'on a un peu honte de ce qu'il s'y passe. Du coup c'est important de montrer cette réalité de derrière les rideaux, pour qu'on oublie pas cette partie qu'on essaye d'enfouir.

C’était intéressant d’utiliser le Lomo’Instant Wide dans ce cas, ça donne un côté brut à quelque chose qui est déjà très brut à la base du coup c’est encore plus frappant je pense.

Penses-tu que l’instantané t’ait permis une autre proximité à tes sujets ?

Clairement ouais, quand je sors l’appareil instantané les gens hallucinent, ils voient un gros truc et me demandent ce que c’est. Du coup je leur explique, je prends une photo d’eux et je leur file. Puis on discute un peu et en général ils me laissent prendre plus de photos. C’est vraiment cool, ils se laissent aller au jeu. Ça permet d’ouvrir un dialogue, leur montrer ce que je fais et leur laisser quelque chose quand je pars.

Quelle fonctionnalité de l’appareil as-tu le plus utilisé pour ces clichés ?

J'ai pas eu l’occasion de tout tester, du coup je suis resté sur du simple et du basique ! Mais j’avoue que la fonctionnalité double exposition est vraiment cool.

As-tu des idées de projets photographiques à venir ?

J'ai toujours plein d'idées de projets photo, parfois c'est pas évident à réaliser par manque de moyens. Comme je l’ai dit au début, en ce moment je suis au Moyen-Orient. Depuis mi-janvier. Je travaille sur des projets personnels de reportage, et des commandes pour des magazines. J’essaye de travailler notamment sur la jeunesse, son importance, la scène musicale underground dans cette région. Mais aussi d’aborder un travail plus social, dans les camps de réfugiés. J'ai prévu de prolonger mon voyage un peu plus longtemps, car j'aimerais vraiment approfondir mes sujets et leur donné une dimension plus intime que je peux faire d'habitude, j'ai vraiment envie qu'on ait l'impression, à travers mes photos, d'être avec eux et de voir leur quotidien.

Suivez le parcours d'Adlan sur son site ou son compte Instagram.

2018-04-17 #Gens #marseille #mansri

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