Julia Grandperret Motin et le Daguerreotype Achromat : entretiens

Julia est une photographe autodidacte installée à Paris. Elle découvre la photo argentique il y a 9 ans lorsque son père lui confie son vieux Nikon FA. Depuis Julia n'a jamais cessé de raconter des histoires visuelles où l'on peut croiser des figures féminines. Pour notre plus grand plaisir, elle a utilisé le Daguerreotype Achromat.

Nom : Julia Grandperret Motin
Instagram :@juliagrandperretmotin
Site web :
juliagrandperretmotin.com
Objectif : Daguerreotype Achromat

Hello Julia ! Peux-tu te présenter à la communauté ?

Hello ! Je m'appelle Julia Grandperret Motin, je suis photographe autodidacte basée à Paris. Ayant grandie un peu partout en France, je me suis installée à Paris il y a presque 8 ans ; temps durant lequel j'ai obtenu une licence de droit, tout en m'essayant à toutes sortes de métiers.

Quelle est ton histoire avec la photographie ?

Il y a 9 ans mon père m'a donné son vieux Nikon FA, l'appareil argentique de sa jeunesse. J'ai commencé à m'en servir, à tâtons, l'été en Normandie notamment - dans le village de mon enfance et de mes premiers amours - puis pendant mes voyages, et de plus en plus fréquemment. Ça fait maintenant deux ans que je suis entièrement dédiée à la photographie. Je travaille avec des musiciens pour des photos de presse et des clips - notamment Juniore, groupe que j'affectionne et avec lequel j'évolue depuis le début, mais aussi sur mes projets personnels.

Pourquoi avoir choisi de ne faire que de l'argentique ? Qu'est-ce que tu préfères avec l'argentique ?

Le numérique ne m'a jamais apporté la satisfaction de l'argentique, tant en terme de surprise et d'accident qu'en terme de matière par la densité du grain.
La possibilité de pouvoir recommencer une photo à l'infini avec toujours plus de paramètres me parait vertigineuse. Alors que l'argentique, de mon point de vue, entraine nécessairement un lâcher prise ; quelque part le photographe délègue une certaine responsabilité à la mécanique de l'appareil et au hasard. Tout peut arriver, c'est enivrant.

Peux-tu nous parler de ta démarche ?

Les personnes m'inspirent, en particulier les femmes. La nature est aussi pour moi source d'inspiration, et j'aime faire le lien entre l'humain et la nature, la matière. La beauté des choses, humaine ou organique, me touche et je tente d'en dévoiler une partie. C'est une source de consolation ; d'embrasser une sorte de mélancolie - propre à la photographie, est libérateur pour moi. Je parle de moi, de mon histoire, de mes souvenirs, de mes amours - d'une certaine manière on parle toujours un peu de nous à travers nos sujets, mais par là même je parle de ma génération.

On fêtait il y a quelques semaines la journée internationale de la femme. Pourrais-tu nous parler de ta manière d'aborder la féminité et la femme ?

Un peu malgré moi, je constate que je prends plus naturellement des jeunes femmes en photo. Je suis d'ailleurs entourée par beaucoup de femmes, avec lesquelles j'entretiens des liens forts. La femme me captive, j'ai envie de la sublimer non pas en tant qu'objet de féminité pure mais en tant que femme entière à la fois féminine et masculine, sensible et forte, sensuelle et puissante. Il y a pour moi beaucoup de chemin à faire pour les femmes aujourd'hui, pour trouver une place juste, où la femme peut "réussir" sans pour autant se masculiniser à l'extrême.

La chevelure des femmes t'inspire lorsque l'on regarde tes images. Pourquoi ?

Je parlais de la matière et de la féminité plus haut. J'imagine que la chevelure cristallise ses deux choses. Elle révèle beaucoup et hypnotise par son mouvement, sa texture.

Quelles histoires souhaites-tu raconter avec tes photos ?

On raconte toujours notre propre histoire quelque part, et celle de tout le monde à la fois. On parle de nous pour parler du collectif, on s'adresse à tout le monde en partant du singulier. Mais si je dois raconter des histoires ça serait des histoires d'amour, des histoires qui font rêver, voyager, et qui donnent envie de découvrir. Je pense qu'il est indispensable de toujours essayer de voir la beauté qui nous entoure, dans les choses infimes et quotidiennes. Ça m’apparaît vital, surtout aujourd'hui où nous sommes confrontés à tant de violences et de peurs.

Quels sont les artistes qui t'inspirent ?

J'ai été beaucoup marquée par des artistes comme Gary Winogrand, Patrick Zachmann Robert Frank, ou encore - et plus intensément peut être, Graciela Iturbide. D'autant plus car ce sont les premiers que j'ai découverts ! Récemment j'ai été touchée par les œuvres plus autobiographiques de Sophie Calle, ou encore le "Livre de la jungle" de Yann Gross sur l'Amazonie - que j'ai découvert au festival d'Arles l'été dernier. Je ne pourrais sans doute pas parler d'inspiration directe mais ce sont des artistes et des œuvres qui me parlent.

Parlons Daguerreotype Achromat. Qu'as-tu pensé de notre objectif ?

Le rendu du Daguerreotype Achromat m'a beaucoup plu, son flou gaussien autour de la zone nette donne une dimension onirique à tout ce qu'il vise ! Son design et utilisation surannés y ajoutent encore plus de charme.

Pour quel type d'utilisation le recommanderais-tu ?

Le portrait. Il sublime les personnes prises en photo. J'ai trouvé qu'il apportait une aura presque iconique au sujet.

Pourquoi avoir choisi de faire cette série avec l'optique ?

Pour les raisons que je viens d'évoquer, j'ai choisi de faire des séries de portraits ; des corps, du détail.

Qu'est-ce que ce type d'objectif peut apporter à une photo ? Et plus globalement à la pratique de la photographie ?

Il teinte les photos d'une sorte de romantisme. Sans utiliser aucun filtre ou autre technique le rendu est velouté.

Ça évoque un petit peu les photos de David Hamilton, veloutées et "voilées".

Des projets pour 2017 ?

Continuer ma série "Alter" de portraits en surimpression, qui fait le lien entre la matière et l'humain ; projet que je porte depuis 1 an bientôt et qui me tient à cœur.

écrit par mpflawer le 2017-05-03 dans #équipement #Gens #portrait #femme #argentique #daguerreotype-achromat #julia-grandperret

Daguerreotype Achromat 2.9/64 Art Lens

Le premier objectif optique au monde crée en 1839 a été repensé pour fonctionner avec les appareils photo numériques et argentiques modernes, et ainsi offrir une esthétique unique. Compatible avec les montures Canon EF et Nikon F, et beaucoup plus en utilisant des adaptateurs.

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