Golden Bug et le Lomo LC-Wide : rencontres analogiques

Antoine Harispuru, plus connu sous le nom énigmatique de Golden Bug, compose une musique singulière aux sonorités futuristes. Convaincu du lien qui unit musique et arts graphiques, le DJ aujourd'hui établi à Barcelone est également sensible à l'esthétique analogique, qu'elle soit sonore avec le vinyle ou visuelle avec l'argentique. A ce titre, il s'est emparé de notre LC-Wide lors du festival Stereolux. En résultent ces images on et off stage, aussi inattendues que sa musique.

Hello! Est-ce que vous pouvez vous présenter à nos Lomographes et nous parler de Golden Bug ?

Golden Bug est un projet de musique électronique que j’ai commencé en m’installant à Barcelone et qui mélange des beats robotique avec de la disco poisseuse et psychédélique. C’est un projet fait de surprises, d’expérimentations et de textures, un peu comme la photographie au Lomo. J’ai fait mes débuts sur le label munichois Gomma avec plusieurs EPs et un premier album « Hot Robot ». J’ai ensuite créé « La belle records » sur lequel sont déjà sortis 3 maxi, et tout récemment mon 2eme album V.I.C.T.O.R sur lequel j’ai beaucoup plus collaboré et proposé à d’autres artistes d’entrer dans mon univers. On me retrouve aussi régulièrement sur le label de Ivan Smagghe et Leon Oakey « Les Disques de la Mort » sur lequel j'ai sorti un nouveau maxi en décembre, « Progress », pour les amateurs de vinyles.

Peux-tu nous parler un peu de l’actualité du groupe ?

Mon nouvel album V.I.C.T.O.R est sorti il y a peu et nous sommes en pleine tournée pour le présenter et le revisiter via notre live audio-visuel V.I.C.T.O.R LIVE réalisé en collaboration avec le studio d’art visuel barcelonais Desilence. L’idée principale de V.I.C.T.O.R LIVE est de créer un dialogue homogène entre ma musique et les visuels / mapping de Desilence que l’on projette sur une structure inspirée du Rubik Snake et qui nous aide à unir nos deux mondes. Nous l’avons déjà présenté au Sonar Festival de Barcelone, à l’ouverture de l’exposition Picasso au MUCEM de Marseille, au Festival Scopitone à Nantes, ainsi qu’à Paris, Gènes, Milan, Saint-Pétersbourg, Dakar, Rome à La Villa Médicis, etc…

Antoine, tu nous racontes ton histoire avec la musique et comment tu en es venu à en faire ton métier ?

Mes frères étaient des fans de techno au début de la culture RAVE dans les années 90. Au début, ce n’était pas ma tasse de thé car j’étais dans la culture skate : j’écoutais principalement du rock, du hip hop et du metal. Au fil des années, j’ai pris goût à la musique électronique et j’accompagnais mes frères acheter des disques dans les boutiques de l’époque : BPM, Rough Trade, Champs Disques, Salinas, etc… J’ai ensuite commencé à mixer pour m’amuser dans ma chambre, ce qui m’a conduit petit à petit à m’intéresser à la production. J’ai acheté quelques machines, commencé à bidouiller des bouts de morceaux qui après des milliers d’heures passées en studio ont évolué pour au final intéresser quelques labels. C’est venu de façon naturelle, sans véritable plan d’attaque, mais on se prend vite au jeu lorsque l’on voit le public réagir à ses morceaux ;)

Qu’est-ce qui t’inspire quand tu composes ?

J’essaye d’être curieux et de me nourrir d’un maximum de choses pour ensuite le vomir en studio. Je dit vomir car souvent j’essaye de m’inspirer d’un titre, mais le résultat est rarement celui que je cherchais initialement. D’une façon générale, je pense que tout type de création est un éternel recyclage, et dans mon cas c’est de la pure bidouille et recherche sonore car je ne suis pas musicien de formation. J’ai grandi en regardant Goldorak, Albatros, Sankukai, des films d’horreurs low cost, en lisant des magazines comme Impact, Mad Movies, Trasher Magazine, Big Brother... donc toute cette culture de nerd m’influence. Mais je ne me suis bien sûr pas arrêté là en grandissant, donc c’est en mutation permanente.

Vous aviez embarqué notre appareil LC-Wide pour une date à Nantes. Comment s’est passée cette collaboration ? Êtes-vous contents de l’expérience ? Pourquoi ?

Nous avions pris le LC-Wide lors de notre date au Sonar et nous avions (je crois) fait de très bonnes photos qui capturaient de jolis moments sur scène. Malheureusement, je n’ai pas suivi les instructions correctement et en ouvrant le boitier de l’appareil, j’ai voilé la pédicule comme un amateur (que je suis)… On a donc repris le Lomo pour notre date à Nantes lors du festival Stereolux, et c’était plus réussi ! J’ai enfin pu voir le résultat de nos explorations photographiques avec le Lomo. Je trouve ça romantique de retourner à la pellicule et de ne pas contrôler le résultat à 100%. C’est une véritable surprise que l’on découvre en développant les photos. Et surtout, la lumière extérieure et les couleurs rendues par l’appareil peuvent nous prêter des qualités de photographe insoupçonnées !

Pouvez-vous nous parler un peu de la série de photos? Une photo préférée peut-être ?

On s’est passé l’appareil à tour de rôle avec mon manager pour essayer de capter le plus de moments, et surtout les meilleurs points de vue pendant nos concerts au festival du Sonar, et Scopitone à Nantes. Comme je le disais plus haut, vous ne pourrez malheureusement rien voir de notre expédition à Barcelone, mais nous nous sommes rattrapés à Nantes. De la découverte de la salle à notre arrivée, et de notre grande loge équipée de bornes d’arcades à la mise en place du show sur scène avec les Desilence. Il y a pas mal de flou, mais le grand avantage du Lomo est que ce flou reste joli et esthétique. Une petite balade au soleil sur les berges du fleuve et enfin quelques shots du live avec des essais aléatoire de l’effet de séparation de l’image pas toujours réussis, mais c’était notre première fois ! Et, vous nous aviez prévenu, mais c’est vrai que sans trépied, c’est un peu difficile d’avoir de bonnes images nettes d’une salle dans le noir. En tout cas on a bien rigolé car chaque photo était une tentative, une expérience. Ma photo préférée, je pense est celle avec l’effet de superposition du Lomo où l’on me voit sur le panneau « Surveillez les enfants » avec la tête dans l’éléphant. Ça pourrait même devenir une excellente photo de presse !

Quel est votre rapport à la photographie ? C’était quoi votre tout premier appareil ?

J’ai un rapport amateur à la photographie. J’utilise mon téléphone comme des millions de personnes pour stocker des gigas de photos que je ne regarderai probablement jamais. C’est pour ça que récemment j’ai acheté un Polaroïd Supercolor 635 car je trouve l’objet super beau, et c’est jouissif de pouvoir toucher les photo, de les mettre dans un album, etc… Beaucoup de gens de ma génération sont attachés à l’objet et même si le monde digital nous facilite la vie, nous ne sommes jamais autant touchés que par une vraie photo argentique que l’on attend quelques jours, voire des semaines. Je pense qu’il y a un retour au système d’_avant_, ou au moins une recherche du juste équilibre. De la même manière, je suis très attaché au vinyle pour son grain, même si les mp3 me facilite beaucoup la vie.

Antoine, ton univers est très graphique. Dans quel mesure intègres-tu ces différents supports artistiques à ta musique ?

La musique et l’art graphique sont inséparables, et j’achète quelques fois des disques uniquement pour la pochette. La plupart de mes labels préférés ont tous une identité visuelle forte comme DC Recording avec le graphiste La Boca , Antidote / IM A Cliché avec Check Morris, ou Output avec Trevor Jackson. C’est aussi ça que j’aime dans la musique, car ça me permet de collaborer avec des artistes que j’aime pour figer ma musique en image : ça peut être pour une pochette de disque, pour une vidéo mais aussi pour illustrer un live où faire une photo de presse. De façon générale, c’est trippant d’imager la musique et de lui donner une seconde lecture avec la direction artistique graphique. Le live que l’on propose avec V.I.C.T.O.R en est le parfait aboutissement : c’est vraiment l’explication graphique de ma musique et la technique du mapping nous permet en plus d’offrir du rythme au graphisme.

Pourquoi est-ce que les gens continuent de faire de l’argentique ?

Toute une génération est attachée à l’objet et au grain et ça explique pourquoi il y a un retour de l’argentique, du vinyle et du matériel ou support analogique. Artistiquement, c’est discutable car il y a plein d’artistes qui travaillent sur du 100% analogique et qui font des choses moyennes, et d'autres artistes font des choses démentes tout en digital. L’outil n’est pas très important, c’est plus ce qu’on en fait, même si c’est évident que l’objet en lui-même est plus attractif qu’un ordinateur.

Des actualités ? Des projets ?

Pour le moment je suis focus sur mon nouvel album V.I.C.T.O.R qui est sorti il y a quelques mois. On a sorti un superbe clip du 1ere single Accroché à Moi réalisé par Arnau Montanyes (Petragarmon), très graphique et où la photographie a eu une place importante. Nous avons beaucoup de nouvelles dates avec V.I.C.T.O.R LIVE donc ça va être un début d’année plutôt chargé. Le 2 décembre, j'ai sorti « Progress EP » sur le label de Ivan Smagghe « Les Disques de la Mort » avec un remix du Dj-Producteur cubano-berlinois Danny Daze. Et à la rentrée on lancera « Krokodil », le 2eme single issu de l’album.

Un dernier (lo)mot ?

Un Lomo con queso por favor.


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écrit par Théo Depoix-Tuikalepa le 2017-01-10 dans #vidéos

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