Pierre-Bernard Cognein : le noir et blanc artistique tout en plumes et en poils

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Du noir, du blanc, des plumes et des poils. Des photos artistiques et graphiques : bienvenue dans l’univers calfeutré du photographe animalier Pierre-Bernard Cognein. Passez un moment en compagnie de Pierre-Bernard et découvrez en avant-première la photo qu’il partage exclusivement avec vous…

crédit : pbcognein

Bonjour Pierre-Bernard. Est-ce que vous pourriez vous présenter à notre communauté ?

Bonjour à toutes et tous. Je me nomme donc Pierre-Bernard Cognein, je suis artisan indépendant et du haut de mes 44 ans, je me passionne pour la photographie depuis l’âge de 10 ans.

Quel est votre rapport à la photographie ? Pouvez-vous nous raconter votre histoire et votre parcours en tant que photographe ?

Je suis né d’un père dentiste, et à cette époque les radiographies prises en cabinet dentaire étaient en argentique. Il développait ses radios dans un petit laboratoire au sous-sol de la maison, ce fût mon premier contact avec le monde de l’image. Lui était passionné de film 8mm et naturellement moi j’étais chargé de faire des photos, avec sa Rétinette (Kodak). Puis plus tard, j’ai acheté des reflex Canon, et en 1998, je suis passé aux appareils Hasselblad (500C et 501 CM). Enfin, je me suis tourné vers le numérique en 2004. Actuellement j’utilise des appareils reflex Nikon.

Vous avez commencé dans un bain de développement et vous vous êtes progressivement tourné vers le numérique. Pourquoi ?

J’ai toujours développé mes négatifs noir et blanc jusqu’en 2004. Jusqu’à cette époque, je faisais essentiellement de la photo sociale (street photography), ou de la « balade photographique ». Mais j’ai commencé à me passionner pour la photo animalière, grande consommatrice de pellicules, et je suis passé en numérique pour des raisons financières. Aussi et en même temps, j’ai eu ma première fille, et mon labo argentique à été transformé en chambre d’enfant.

crédit : pbcognein

Selon vous, pourquoi est-ce que l’on continue de faire de l’argentique ?

Les raisons sont certainement multiples. Certain recherchent une forme de nostalgie, d’autres veulent retrouver les sources de la photographie … Je pense que c’est un passage obligatoire pour qui veut vraiment comprendre pleinement la photographie. Pour ma part je recherche encore beaucoup l’esprit « argentique » c’est à dire, faire des photos à l’économie, prendre le temps des réglages, des expositions. Et même aujourd’hui où je ne touche plus du tout la chimie, je suis très argentique dans ma construction d’image. Un exemple, quand je travaille sous Photoshop, ma limite de traitement reste ce qui était possible sous agrandisseur, rien de plus. Toutes mes images sont réalisables en argentiques !

crédit : pbcognein

Argentique vs numérique… Un grand débat. Le numérique a fortement changé notre perception de l’image et notre façon de les « consommer ». Qu’est-ce que le numérique a pu apporter à la pratique argentique ? Et inversement ?

Question pas évidente, surtout pour moi qui pense que l’argentique apporte tout au numérique. Je n’ai pas eu cette démarche inverse, mais il serait intéressant de comprendre ce que peut apporter le numérique à l’argentique. J’ai quelques copains photographes qui ont fait cette démarche, venant du numérique, de passer à l’argentique. Mais il est certain que le numérique a certainement aidé au passage, en continuant à faire des négatifs ou inversibles en argentique puis en scannant pour continuer la chaine photographique en numérique.

crédit : pbcognein

Pourquoi avoir choisi de vous consacrer désormais à la photographie animalière en particulier ? Et notamment les oiseaux ?

J’oscille constamment entre la photo animalière et la photo sociale, c’est par période. Mais c’est vrai que j’ai consacré beaucoup de temps à l’animalier noir et blanc pour me prouver et prouver aux autres que la photographie animalière n’était pas que des photos naturalistes et en couleurs ! Je voulais (très modestement) montrer qu’avec un animal on pouvait faire du beau, du « modern old-school » du graphique et j’espère de l’artistique. Je ne suis pas fondamentalement plus attaché aux oiseaux qu’aux autres espèces mais c’est vrai qu’ils sont souvent très graphiques et adoptent des positions très marquantes !

crédit : pbcognein

Comment est née la série « Dark » ?

J’ai un peu répondu dans la précédente question. C’était par défi. Mais ce défit a été déclenché par ma passion du noir et blanc. De toutes les façons quand je colle mon œil à un boitier photo, je vois le monde en noir et blanc ! Je vois des formes, des lignes, des matières, des contrastes, mais jamais de couleurs, c’est comme cela :) Après ces fonds noirs ne sont que le reflet de mes premières découvertes en photographie, une radiographie, c’est un carré noir avec quelques traces blanches.

crédit : pbcognein

Est-ce que, sans nous dévoiler vos secrets, vous pourriez nous parler un peu des coulisses des séances ?

Je n’ai rien à cacher. Je prends des séries d’images dans différents milieux, naturels ou parcs de semi-liberté, très rarement en zoo pur car les comportement animaliers ne sont pas naturels. Pour obtenir mes fonds noirs, c’est simple, il faut trouver l’angle de vue pour obtenir un animal dans la lumière et un fond végétal (vert …) dans l’ombre. Après au développement on filtre le vert en argentique et en numérique on baisse la luminosité de la couche verte et le tour est joué, le fond est très sombre, il vous reste plus qu’à repiquer les traces restantes. Aucune images n’est détourée (ce qui serait impossible sur des plumages ou des pelages ^^). Souvent en amont mes images sont réfléchies, dessinées et quand j’ai une idée en tête ça peut être plusieurs jours de prises de vue pour l’obtenir.

crédit : pbcognein

Le monde animal est un monde extrêmement coloré. Pourquoi lui avoir préféré le noir et blanc ?

Comme je vous l’ai déjà dit, je vois le monde en noir et blanc. J’attache énormément d’importance aux matières (et ça va jusque dans mes tirages en piezzo-charbon)

Tu fais également de la double exposition. Selon toi , qu’est-ce que cette technique peut apporter à une photo ?
Tiens on se tutoie cool c’est plus sympa :) . La double exposition est une technique qui peut vraiment ouvrir de nouvelles voies en photographie, sous réserve qu’elle soit issue du boitier pour être à mes yeux crédible. Cela donne un coté un peu fantomatique aux images.

crédit : pbcognein

Photographier des animaux, c’est un vrai challenge. As-tu (du coup on se tutoie, ça me va aussi !) des petites histoires et souvenirs à nous raconter qui vous ont profondément marqué ?

Des centaines ! Mais si je devais en retenir une qui me hante : j’étais en train de photographier des cigognes en compagnie d’une amie et en discutant avec elle j’ai vu une cigogne tenter de prendre son envol, et de s’emmêler les pattes puis s’étaler à terre. J’ai bien sûr loupé cette scène, qui depuis me hante ! Je l’aurai un jour, je ….;)

crédit : pbcognein

Quelle est la photo que tu préfères parmi celles que tu as déjà réalisées ?

Celle que je ferai demain. Je ne suis jamais pleinement satisfait de mes images, il y a toujours un micro détail qui me chagrine. Bien sûr quand on arrive à faire une image complétement imaginée sur un bout de papier, et qu’après des milliers de prises de vue on obtient cette image, on a une certaine satisfaction, mais généralement j’ai déjà une autre image en tête !

crédit : pbcognein

Quels sont les photographes qui t’inspirent ?

HCB pour ses compositions
Kenna pour la pureté et le graphisme de ses paysages
Munier pour son immense talent aussi grand que sa gentillesse et sa modestie
Après j’ai beaucoup de copains qui sont très talentueux mais ces 3 là m’ont vraiment pleinement construit.

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Tu nous as rapidement confié que tu possédais un lomo LC-A qui traînait dans un coin. Héritage ou petit cadeau personnel ? Comment trouves-tu l’appareil ?

C’est un cadeau perso. Quand on est passionné de photographie on se doit d’avoir un Lomo et un Holga ! Ce sont vraiment des boitiers passion, sans réglage, seule la composition et la chance peuvent donner une bonne photo.

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Auriez-vous des conseils à donner aux photographes qui souhaitent se lancer dans la photographie animalière ?

Avant tout, je leur dirai de se concentrer sur la composition et non sur l’espèce ! Un recherche créative se fait sur des espèces communes, c’est un vrai réservoir à image. Une des plus belles photos de Vincent (Munier) reste pour moi une image de mésange charbonnière.
N’hésitez pas à fréquenter les parc ornithologiques, vous trouverez facilement les animaux, et vous pourrez apprendre à composer, a trouver votre style.

crédit : pbcognein

Des projets dont vous souhaiteriez nous parler ?

Je suis actuellement exposé depuis le mois de mai jusqu’au 1 novembre au parc de Clères, 28 tirages en piezzo-charbon sur dibond. Je dispense aussi quelques stages sur place.
En projet d’avenir ? Continuer toujours la photo et toujours en majorité noir et blanc ! Je vais continuer à explorer de nouvelles voies en photos animalières (la double exposition, les flous …) et je vais sûrement retourner fréquenter les pavés des villes pour refaire de la street photo.

Un dernier mot ?

Merci à vous pour l’intérêt que vous portez à mon travail. C’est toujours un grand plaisir de voir ses images rencontrer le cœur des gens.
Et n’hésitez pas à me contacter si vous désirez discuter photographie !

Et voici une photo inédite de l’artiste, rien que pour vous !

crédit : Photo en exclusivité par pbcognein

Les photographies de l’article sont utilisées avec l’accord du photographe. Si vous souhaitez découvrir son travail plus en profondeur, rendez-vous sur ses pages Facebook pbcphotographer & Black-and-White-animals-photography et sur site web pbcognein

écrit par mpflawer le 2015-09-07 dans #Gens #animals #black-and-white

Un commentaire

  1. ybe
    ybe ·

    Bravo très belles photos
    elles me font penser aux photos d'un ami photographe : Jean-Marc COUDOUR...
    yann

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