PetzvalAmigo : Medhi Drissi essaye le Petzval 85

“C’est pas vraiment une série à proprement parler, quand on pose les images côte à côte elles n’ont souvent aucun rapport entre elles, hormis peut être la rue et la notion d’instant volé.” Medhi s’est essayé au Petzval 85 pour ces photos d’instants volés dans un Paris ou les amoureux sont à tous les coins de rue !

Nom : Drissi
Prénom : Mehdi
Ville : Lille/Paris
Appareil : Canon 600D + Petzval
Site internet : oneshotfortheroad.com

Bonjour Mehdi, peux-tu te présenter en 6 mots clés aux Lomographes ?

Bonjour les Lomographes, alors les 6 mots qui me définissent :
- Curiosité, Humanité, Relation, Drôle mais pas trop, Passionné, Voyageur en devenir.

Comment as-tu commencé la photographie et depuis combien de temps es-tu photographe ?

J’ai toujours été attiré par l’image, mais sans vraiment avoir l’occasion de m’y plonger.
Il y a deux ans, en voulant absolument m’y mettre j’avais lu que la seule façon de progresser vite c’était de prendre des photos tous les jours. Je me suis donc lancé dans un projet de photo 360, qui consiste à prendre une photo par jour pendant un an.

Tu fais de la photographie de rue. Peux-tu nous parler un peu de ton approche ? Comment ça se passe au quotidien ?

La photographie de rue s’est un peu imposée à moi. Car paradoxalement, elle représentait pour moi, juste après la photographie de guerre, la photographie la plus humaine que j’ai pu trouver. J’ai, pour la plupart du temps, une vision noir et blanc du monde qui m’entoure. J’ai toujours été attiré par les clichés en noir et blanc. Ils sont, brutes et intemporels. Et comme tout photographe de rue, je me faufile dans la vie des gens, dans leur train-train quotidien. Là où ils ne jouent pas. Je saisis un fragment de leur vie qui paraitrait banal et je m’en vais, souvent, sans être vu. Je me balade souvent sans avoir un cliché en tête et j’attends qu’il vienne à moi. Mes clichés sont des instants volés. Je me dois d’être là au bon moment.

As-tu une anecdote/ une rencontre qui t’a particulièrement marqué dans ton travail de photographe ?

Quand tu as l’habitude de prendre des photos de personnes inconnues, tu ne t’attends pas vraiment à un retour de la personne concernée. Un jour j’ai pris en photo un musicien de rue, un violoncelliste qui joue souvent dans les rues lilloises. En la publiant sur Instagram j’ai eu comme commentaire « Ha, mais je le connais, c’était mon prof de musique au collège ». Et tu te rends compte, que la personne en face de toi, pantalon déchiré et tee-shirt souillé, a un jour été professeur de musique.

D’où viennent tes influences photographiques ?

Oh je dirai, de mes lectures souvent engagées ou de mon rapport à l’humanité, souvent remis en question. De notre place dans la société et de notre recherche du bonheur ainsi que notre course effrénée à la poursuite du temps perdu.

Quels sont tes photographes préférés ?

Je ne vais pas être original sur ce point, car je vais surement citer des photographes que tout le monde connaît, mais je dirai les pionniers de la photo de rue tels que, Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, ou encore David Seymour et Vivian Maier. Mais depuis peu, je m’intéresse au portrait, à une approche moins distante avec le sujet, mais toujours dans la rue et je pourrai citer des photographes tels que : Hamilton, Reza, Steeve McCurry et Peter Lindbergh. Des photographes plus jeunes, je ne pourrai en citer des masses car je n’en suis pas énormément pour ne pas reproduire leur travail, mais une approche comme celle de Brice Portolano, de JR ou encore quelqu’un de plus jeune et pas connu mais avec un grand avenir Louis Witter m’intéressent énormément.

Comment s’est passée ton expérience avec le Petzval 85 ?

Peu commune. J’ai essayé plusieurs objectifs pour la photographie de rue, et actuellement je shoote principalement avec un 35mm. Se retrouver à shooter avec un 85 (à peu près 100 sur un appareil comme le mien), c’est déroutant. On perd la notion de distance que l’on a acquis, les premiers jours, j’étais où trop proche ou trop loin, jamais au bon endroit. Puis au fur est à mesure, mon cerveau s’est adapté à cette optique, mais un autre petit soucis s’est révélé : la mise au point. Étant friand des petits moments qui ne durent qu’un dixième de seconde, je me voyais souvent rater une photo à cause d’une mise au point manuelle mal maitrisée. Mais quand la photo était réussie, qu’on arrive à passer inaperçu aux yeux de tous avec un petit objet doré entre les mains, on est content d’avoir réussi une vraie photo. Avec une lumière maitrisée et une mise au point presque parfaite.

As-tu des astuces à nous donner pour bien l’utiliser ?

Je dirai qu’il ne faut pas chercher à tout prix à avoir une photo avec le flou tourbillonnant. Je l’ai longtemps cherché, essayant différentes ouvertures et différentes distances. Mais j’ai compris au final qu’il fallait avoir un arrière plan qui s’y prête, une distance avec la scène et une distance entre la scène et l’arrière plan, adéquates pour que la magie opère. En photographie de rue, c’était pour moi presque impossible. Mais je sais que si j’avais pu choisir le modèle, l’arrière plan etc, j’aurai pu faire plus d’images avec ce flou si particulier à l’objectif.

Peux-tu nous parler un peu de l’histoire de ta série photo shootée avec le Petzval ?

C’est pas vraiment une série à proprement parler, quand on pose les images côte à côte elles n’ont souvent aucun rapport entre elles, hormis peut être la rue et la notion d’instant volé.
Mais comme une grande partie des photos a été prise à Paris, la ville des amoureux, je crois que ces derniers sont venus à moi tout naturellement.

Si tu pouvais faire un Shooting dans un lieu improbable, quel endroit choisirais-tu ?

Ce n’est pas un lieu si improbable, mais pour moi quand je pense « Rue » rime avec New York, donc je dirai les rues Newyorkaises et en contraste avec ça, je dirai les rues cubaines, avant que les américains ne débarquent avec leurs enseignes.

Y-a-t-il une personne artiste célèbre que tu aimerais photographier ?

Une personne célèbre, je ne sais pas. Mais j’aimerai être là à des moments clefs de l’histoire pour immortaliser un moment, une poignée de main entre la Palestine et Israel ? Une autre entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ? Bon, ok. Je prends Adriana Lima.

Quels sont tes projets futurs ?

Un gros projet de voyage de 5 mois dans différents pays du Maghreb et du Moyen Orient à la recherche d’artistes contemporain qui changent un peu les idées reçues que l’on a sur cette région. Après ça, j’espère faire la Russie et l’Islande pour leurs paysages incroyables.

Un dernier mot pour la fin ?

Prenez des photos avec le sourire, vous pourriez être à votre tour photographié.

Merci Medhi pour cette interview !

Retrouvez Medhi sur Twitter et dans le projet Onorientour

2015-07-15 #Gens #lomoamigo #petzval85mm

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