La beauté destructrice de la série Impermanence par Seung-Hwan Oh

Dans ce nouvel article nous avons interviewé le photographe et réalisateur Seung-Hwan Oh, basé à Séoul, pour qu’il nous parle de sa série “Impermanence”, de ses inspirations, et du travail laborieux que ce projet a nécessité.

Seung-Hwan Oh

Presque tout ce que vous voyez en ce moment même finira un jour par tomber en décrépitude. C’est un processus inévitable, qui peut être retardé, mais auquel rien n’échappe. Le photographe *Seung-Hwan Oh* a apparemment décidé d’accepter cette fatalité et d’en faire le sujet d’une superbe série de portraits, intitulée à juste titre Impermanence.

Photos tirées de “Impermanence”

Seung-Hwan Oh a commencé “Impermanence” en 2012 après avoir lu un article de la BBC Online datant de 2010, sur des bactéries menaçant de détruire les archives cinématographiques historiques. “J’ai découvert que les moisissures pouvaient ronger et détruire le contenu des pellicules mal entreposées”, raconte-t-il. “Et alors je me suis rendu compte que je pouvais transmettre l’idée de fugacité de la matière en utilisant cette dégradation naturelle dans mon travail”. Fasciné par le deuxième principe de la thermodynamique, Seung-Hwan Oh lui a également donné un rôle essentiel dans cette série de photos. Il explique : “Impermanence, c’est l’idée que la matière, y compris toutes formes de vie, finit toujours par s’effondrer dans cette dimension spatio-temporelle que nous connaissons”.

Photos tirées de “Impermanence”

Le procédé utilisé dans “Impermanence” est unique, mais laborieux. Pour vous donner une petite idée, Seung-Hwan Oh raconte que sur les 500 clichés utilisés au départ, seulement un fut réussi, et qu’à ce jour il possède seulement 15 photos utilisables.

Seung-Hwan Oh a commencé par prendre des photos avec un Hasselblad 500 C/M et une pellicule Fujichrome Provia 400X. “J’utilise des pellicules diapositives couleur moyen format pour voir plus distinctement les dommages sur la photo” a-t-il expliqué. Il laisse ensuite les bactéries se déposer sur les pellicules développées et plongées dans l’eau pendant des mois, voire des années. Il note : “Il est essentiel de maintenir la pellicule développée dans un milieu humide et assez chaud pour que les bactéries puissent se propager. Ensuite il suffit d’y jetez un coup d’œil de temps en temps”.

Photos tirées de “Impermanence”

Les photos de la série “Impermanence” semblent surréalistes avec ces couleurs, ces motifs et ces distorsions créées par les bactéries. Seung-Hwan Oh décrit avec amour son projet : “C’est une esthétique de la création et de la destruction entremêlées et éphémères”. Sans entrer dans les détails, il a révélé que sa photo préférée était “la première que j’ai obtenue après 18 mois d’attente.”

Photos tirées de “Impermanence”

À l’heure actuelle, Seung-Hwan Oh a commencé une autre série en utilisant la même technique. Intitulée “Straw Dogs”, elle se compose de portraits nus et devrait durer deux ou trois ans selon l’estimation de l’artiste. Seung-Hwan Oh n’est pas encore sûr de ses futurs projets concernant la série “Impermanence”. Il a tout de même affirmé, et nous le comprenons : “Une chose est sûre, je ne recommencerai pas la même chose !”.

Photos tirées de “The Ruins of Pleasure” (1992-1994), un autre projet argentique de Seung-Hwan Oh

D’après le CV de Seung-Hwan Oh, la série “Impermanence” a été présentée l’année dernière durant son exposition à la Galerie éphémère Kimjina Thea de Séoul. En plus de pratiquer la photographie en numérique ou argentique “selon le thème sur lequel je travaille”, Seung-Hwan Oh s’essaye aussi au cinéma. Quand il était encore étudiant en cinéma et photographie à New York, il a réalisé deux courts métrages en 16mm intitulés “A Man in the Birdcage” (1994) et “Billows Within” (1995). Son travail a été exposé dans plusieurs musées et galeries, non seulement à Séoul, mais aussi à Paris, Fukuoka, Beppu, et New York.

Toutes les photos de cet article ont été réalisées par Seung-Hwan Oh et ont été utilisées avec la permission de l’artiste. Visitez son portfolio en ligne ici.

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traduit par Lomography France

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